Une fois n’est pas coutume, quatre ans se sont passés avant la sortie d’un nouvel album de Savatage. La raison de ce silence vient des nouvelles priorités des membres de la formation, qui se sont consacrés au Trans-Siberian Orchestra (TSO) avec lequel ils ont sorti un album en 1998, Christmas Attic et un autre, Beethoven’s last night en 2000. Ils ont tourné intensément dans tous les Etats-Unis pour promouvoir ce projet qui a rencontré beaucoup plus de succès là bas que Savatage.
Au moment de se remettre au travail, un changement de taille s’est produit. Zak Stevens a quitté le groupe à la fois pour s’occuper de sa famille et aussi en raison de la place grandissante que prend le TSO dans la vie de Savatage. Stevens a malgré tout gardé des liens forts avec Savatage et s’est fait aider de Jon Oliva pour composer les titres du premier album de son propre groupe : Circle II Circle.
En attendant de trouver un remplaçant, c’est Jon Oliva lui même qui reprend le micro, chose qui n’était pas arrivé depuis Streets (1991). Il avait certes chanté des titres sur Dead winter dead et The wake of Magellan mais ce retour est un événement. L’aspect plus dur de sa voix amène un côté très heavy à l’album.
Ajoutons que le guitariste Al Pitrelli est lui aussi parti après l’enregistrement de cet album pour rejoindre Megadeth, ce qui explique sa place comme invité dans les crédits de l’album.
Le groupe propose un nouveau concept album écrit par O’Neill et Oliva mais cette fois ci avec la participation de Chris Caffery pour la musique. Le sujet traite de l’histoire du photographe Kevin Carter, célèbre pour la photo d’une petite fille engloutie en Amérique du Sud. Le morceau The morphine child traite directement de cette petite fille.
Poets and madmen est donc beaucoup plus agressif que ses prédécesseurs. Savatage oublie les expériences presque progressives et revient à un power métal puissant mais toujours symphonique. Et cette agressivité se sent dans la première moitié de l’album. There in the silence et Drive sont deux purs morceaux de power métal très efficaces. Commissar et Stay with me awhile sont renforcées par des claviers et des chœurs splendides qui se marient très bien à la puissance des titres. On retrouve presque le Savatage de Power of the night et de Hall of the moutain king avec un formidable travail à la guitare de Chris Caffery qui signe des soli époustouflants.
La seconde moitié de l’album est plus symphonique tout en restant très heavy. Morphine child est un très beau morceau de 10 minutes, le point d’orgue de l’album, mêlant chœurs et orchestrations. On peut aussi citer Back to a reason, une splendide ballade bien dans la tradition du groupe qui clôt l’album de fort belle manière.
Poets & Madmen est donc un brillant retour en force de Savatage avec son meilleur album depuis Edge of thorns. Il semble que le break ait fait le plus grand bien aux musiciens. C’est en tout cas un plaisir de retrouver Savatage au meilleur de sa créativité.