Faisant fi des détracteurs (souvent fans de la première heure) pour qui c’était et ce sera toujours mieux avant, les Norvégiens poursuivent inlassablement et de façon imperturbable leur quête d’un black progressif psychédélique.
Dans ces conditions, ceux qui honnissent le virage amorcé depuis "Monumension" ont peu de chance de voir évoluer fondamentalement la musique d’Enslaved vers une autre forme de black métal, voire un hypothétique retour vers le pagan métal. Non, avec ce douzième album, les Norvégiens enfoncent le clou au risque de la redite. Car n’y allons pas par quatre chemins, "Axioma Ethica Odini" est clairement dans la lignée de son prédécesseur "Verterbrae", au point que certains titres pourraient y figurer sans que cela nous choque d’aucune façon. En effet, à l’instar du diptyque "Isa"/"Ruun", "Axioma Ethica Odini" est le pendant psychologique du physique "Verterbrae". Dans ces conditions, ce nouvel opus - réponse mathématique aux règles divines- s’avère plus sombre et mystique que son prédécesseur.
Cet état de fait se vérifie dès l’entame et plus particulièrement "Raidho", ou encore "The Beacon" dans lesquels les grognements chers à Grutle Kjellson sont plus que jamais à l’honneur et gomment une partie des reproches faits à un "Verterbrae" trop soft pour certains.
Pour autant, n’allez pas croire que les parties progressives atmosphériques développées sur "Verterbrae" aient totalement disparu, comme en témoigne l’instrumental spatial et hypnotique "Axioma" pouvant rappeler les voyages interstellaires ou inter-temporels dans lesquels nous embarque Ayreon. A cet égard, cet interlude scinde "Axioma Ethica Odini" en deux parties : une première dans une veine black métal progressif qui évolue vers un rock progressif blackisant avec comme plus bel exemple, "Night Side". Le riff rock progressif de ce titre embraye sur une accélération toute black pour s’écraser sur un refrain clair d’une beauté aussi hallucinante qu'envoûtante…
Côté production, pour ce douzième opus, les Norvégiens se sont passés des services de Joe Baresi pour revenir à ses fondamentaux agressifs. Faut-il voir la patte du mix de Jens Bogren si certains passages, comme notamment l’intro lente et limite martiale de "Giants", évoquent clairement Opeth ? Qu’importe ! Une nouvelle fois, Enslaved nous plonge dans son univers antinomique entre envoûtement à la faveur de refrains clairs hypnotiques et frayeur procurée par des passages black malsains. Une immersion épique et magique dont vous ne ressortirez pas indemne !