ARTISTE:

STEVE HACKETT

(ROYAUME UNI)
TITRE:

TILL WE HAVE FACES

(1994)
LABEL:

AUTRE LABEL

GENRE:

ROCK PROGRESSIF

TAGS:
Epique, Expérimental
""
REALMEAN (03.11.2010)  
4/5
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Nous sommes au début des années 80. Steve Hackett dispose d’un pied à terre familial au Brésil où il séjourne régulièrement. L’idée lui vient de s'inspirer de l’environnement géographique et culturel pour créer un nouvel opus musical. Ainsi, en même temps que Bay Of Kings, il publiera Till We Have Faces, un projet radicalement différent. Une mouture initiale, car en 1994, il propose une réédition modifiant sensiblement l’ordre des titres, et bénéficiant de l’adjonction de deux nouveaux morceaux hauts en couleurs, The Gulf et Stadiums Of The Damned. Toutefois la nouvelle galette conserve la même clôture, le très court When You Wish Upon A Star, et ne présente nullement ces titres comme des bonus. Et en effet, Steve a fait le nécessaire, car ils s’inscrivent totalement dans l’état d’esprit, en tout cas dans la couleur musicale du projet initial.

Difficile, il est vrai, d’attribuer un état d’esprit unique à ce projet, qui se révèle savamment cohérent dans sa diversité sonore et rythmique. Enregistré quasi intégralement au Brésil, dans une situation plus proche des moyens du bord que du confort d’un véritable studio (puis mixé en Grande-Bretagne), Till We Have Faces ne fait appel à aucun musicien habituel en dehors du fidèle clavier de Steve, Nick Magnus, et du batteur Ian Mosley. Le compositeur s’immerge ainsi dans ce contexte qui doit, plus qu’influencer le projet, en être l’inspirateur. Au final, l’album fera donc la part belle à la musique du monde, en l’occurrence ici des tendances latino-américaines très présentes, mais toujours sous la griffe rock et progressive de l’éclectique Steve Hackett.

Il faut donc prendre le temps d’ouvrir ses oreilles pour mieux comprendre les interconnexions des différents ingrédients de la recette. What’s My Name ouvre l’album sur une longue, très longue montée en puissance de percussions aux sonorités austères (ne vous-y trompez pas, il s’agit de tout, sauf d’un album acoustique !), pour parvenir sur la voix déchirante de Steve, lançant un SOS à la limite de la schizophrénie ("Qui suis-je donc ?"). Tout au long de l’album, l’auditeur sera tour à tour bousculé, bercé, envoûté par de sinueux chemins oscillant entre inspiration prog’ originelle du compositeur, jazz-rock/électro, exercices de style mêlant des genres opposés (notamment, Myopia qui embarque un enchaînement rock / classique / rock, fonctionnant à merveille), collisions de percussions latino (voire tribales) et d’envolées néo-progressives, mélodiques, atmosphériques, parmi celles qui sont plus largement présentes dans l’œuvre Hackettienne en période moderne, jusqu’aux considérations cérémonieuses voire symphoniques des nouvelles recrues de 1994. La puissance évocatrice est incontestable. Par exemple, Duel plonge l’auditeur dans une anxiété méticuleusement construite, identifiable... Rythmique, sonorité, texture vocale, absolument tout ici contribue à l’évocation visuelle de la mésaventure contée à travers les paroles: un énorme camion qui se profile, menaçant, dans un rétroviseur...

Alors, comment dégager la cohérence précédemment évoquée d’un tel amalgame de sons, d’idées, de cassures, de tirades musicales tour à tour mélodiques et expérimentales ? Il faut souligner pour cela la constance des prestations vocales de Steve, pour la plupart très haut perchées – on aime ou pas, La Palice en aurait dit autant – ainsi qu’un recours fréquent aux longues plages de guitares (quasi) saturées, marque de fabrique à laquelle on est habitué depuis le tout début de son aventure en solo. Steve est un artiste très lucide : il innove, tout en maintenant le cap.

Conclusion ? Si vous êtes fan et si vous ne possédez pas encore cet album, courez l’acheter – édition de 1994, bien sûr. Si vous voulez découvrir cet artiste, en revanche ce n’est sans doute pas l’album le plus accessible. Pour respecter l’ambivalence de ce constat, la note adoptera le (mauvais) compromis d’une évaluation situant la galette à la frontière du bon et du très bon.


Plus d'information sur http://www.hackettsongs.com/





LISTE DES PISTES:
01. What's My Name - 07:04
02. The Rio Connection - 03:19
03. Matilda Smith-williams Home For The Aged - 08:04
04. Let Me Count The Ways - 06:05
05. A Doll That's Made In Japan - 03:56
06. Duel - 04:48
07. Myopia - 02:54
08. Taking The Easy Way Out - 03:48
09. The Gulf - 06:30
10. Stadiums Of The Damned - 04:37
11. When You Wish Upon A Star - 00:48

FORMATION:
Baca: Percussion
Clive Stevens: Synthétiseur
Fernando Moura: Rhodes
Ian Mosley: Batterie / Percussion
Jaburu: Percussion
Junior Homrich: Percussion
Kim Poor: Chant / Voix japonaise
Nick Magnus: Claviers / Batterie
Peninha: Percussion
Ronaldo Diamante: Basse
Rui Mota: Batterie
Sergio Lima: Batterie
Sidinho Moreira: Percussion
Steve Hackett: Chant / Guitares / Koto, Etruscan Guitar, Marimba, Percussion, Harmonica
Waldemar Falcao: Flûte, Percussion
Zizinho: Percussion
   
(1) AVIS DES LECTEURS    
LONEWOLF1300
01/04/2023
312
  0 0  
5/5
Voilà un album qui décoiffe ! L'écoute est jouissive d'un bout à l'autre, malgré la très grande diversité entre les titres. Créativité, inventivité, foisonnement, mélange des genres, et tout ça sans que l'oeuvre paraisse pour autant agencée au hasard. Je note au passage son côté "percutant" presque de bout en bout, avec du punch à revendre. Ce qui est à remarquer, c'est que la voix s'inscrit de mieux en mieux dans l'ensemble, même si sa tonalité peut ne pas plaire à tout le monde.

L'inspiration "samba de carnaval" qui apparait en force sur certains titres permet d'ajouter de nouvelles colorations, qui se mélangent à des guitares toujours aussi remarquables de virtuosité et d'intensité. Parfois jusqu'à la saturation, comme un cri de lamentation. Les tronçons d'ambiance brésilienne tendent aussi à mettre en avant batterie et percussions, et c'est un bonheur. Batterie assez remarquable sur l'ensemble de l'album, par sa rigueur, sa richesse impressionnante, sa fougue et sa retenue en même temps, sa frappe délicieusement sèche parfois, les futs tapés à deux baguettes, d'autres fois l'aspect scandé jusqu'au tribal, comme pour appeler la transe.

Un travail magnifique comportant de très belles trouvailles, dont le déchirant "What's my name", qui ouvre l'album en beauté. Extrèmement impressionnant par sa montée en puissance très progressive (!) mais inexorable, qui finit par un appel poignant, presque hurlé. "The Rio Connection" est un remarquable exercice de style, une démonstration de virtuosité et de talent de composition. "Mathilda..", très légèrement revisité sur la deuxième version de l'album, nous plonge dans un climat carnavalesque mais un climat pas festif du tout, plutôt sombre, où on laisse la part belle à la rythmique proprement hypnotique. Tout "classique" et romantique slow qu'il soit, "Let Me Count.." est un très beau morceau bien ouvragé, où là encore la batterie fait une démonstration à la fois de retenue et de sophistication tout en sobriété, juste en retrait d'une guitare aux envolées envoutantes. Le titre parfait pour emballer un premier rendez-vous ! Petite touche asiatique pénétrante avec "A Doll..", avec un rythmique là aussi très scandée et une batterie complexe. Duel est une évocation évidente du film de Spielberg, dans le cadre d'un titre typiquement progressif. "Myopia" est un peu plus énervé voire rageur. Enfin un break de calme avec "Taking.." qui permet de reprendre son souffle. Ensuite "The Gulf" fait remonter la pression, surgissent de belles guitares bien saturées et aux mélodies sophistiquées, avec toujours une batterie en verve, qui ne déparerait pas chez le roi cramoisi ! "Stadiums.." est un titre un peu déroutant, partant d'une évocation de match de foot pour finir sur des mots d'amour, mais aux accents très hackettiens ; probablement une référence très britannique que j'ignore. Enfin, la petite touche finale est posée avec "When you Whish..", délicieuse et brève ritournelle cinématographique.

Vous aurez compris, j'adore. Pour moi, un des albums les plus intéressants, malgré une pochette quasiment lugubre.

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