Après un premier opus prometteur paru il y a deux ans, le quatuor polonais Openspace nous revient avec un line-up inchangé pour Elementary Loss. Openspace 2008 avait su séduire par un coté assez direct et très bien exécuté : le groupe gardera-t-il la même ligne directrice ou versera-t-il dans une sophistication plus poussée ?
Dès la lecture du livret, l’ambition est affichée : des morceaux plus longs et un triptyque pour ouvrir l’album. L’auditeur retrouve dès les premières notes la qualité sonore qui faisait l’une des forces du premier opus - c’est une qualité fréquemment rencontrée dans les productions polonaises récentes : netteté des lignes, variété dans les sons des claviers, ligne de basse suffisamment variée pour être attractive, le tout avec une batterie précise et inventive (Gavin Harrison a très heureusement influencé Rafal Szulkowski). De quoi réjouir les amateurs de bon son.
Openspace a su conserver tout son savoir-faire mélodique, avec des lignes accrocheuses et rapidement accessibles ; Elemetary Loss est plus lisse, moins métal et plus néo qu’Openspace 2008, son style se rapprochant de celui d’un Riverside mâtiné de Floyd. L’auditeur pourra en effet reconnaître l’influence des premiers par l’utilisation des vocaux sur une basse relativement complexe (intro de Ruined Reality), tandis que son de guitare rappelle fortement celui de David Gilmour sur des plages comme So Common ou Corporeality. Aucun titre à rejeter dans cet album, avec une mention spéciale pour l’ensemble Elementary Loss, très réussi.
Album parfait ? Pas tout à fait : si les musiciens se sont affirmés, le chant a pris également plus d’identité, et c’est un peu là que le bât blesse : Marcin Korzeniewski n’est de toute évidence pas Mariusz Duda, ni pour le timbre ni pour sa diction en anglais, par moments ... très polonaise ! Sa recherche d’expressivité se fait par ailleurs souvent au détriment de la justesse, ce qui est particulièrement perceptible sur les sections intimistes (Personnal Lie, So Common, Underground). D’où l’impression d’écouter un album à deux vitesses : avec et sans le chant. Les parties instrumentales sont excellentes, les parties chantées plus limitées sans être catastrophiques.
Il est évidemment très délicat d’intégrer un frontman à l’intérieur d’une équipe déjà formée, mais le chant est à l’heure actuelle le facteur limitant d’Openspace. Avec un très bon vocaliste, le groupe serait clairement dans la cour des grands !