Ce deuxième album de Cafeïne, sorti 6 ans après "La Citadelle", est la concrétisation des espérances que j'avais conçues après l'écoute de ce premier opus.
"Nouveaux mondes" est presque conceptuel puisque si elles ne racontent pas une histoire unique, toutes les compositions traitent le même sujet de la conquête sous des aspects différents. Ainsi seront évoquées les conquêtes de l'espace avec Hubble ou de l'amour avec Don Juan et nous rencontrerons Icare, Alexandre le Grand, les conquistadors ou les bâtisseurs de cathédrales.
Première agréable surprise, Philippe Ladousse n'est pas le chanteur attitré de l'album. Il n'y a d'ailleurs pas un chanteur mais une bonne dizaine d'interprètes venus mettre leurs voix au service de cet ambitieux projet, et nous avons là du beau linge. Jugez plutôt : Christian Décamps, P-Y Theurillat (Galaad), Julie Vander (Magma), Cyril Grimaud (Hauteville) et Sonia Nédélec et Baptiste Ferracci (Minimum Vital). La fine fleur vocale du prog francophone est donc réunie autour des musiciens de Cafeïne.
Pour à la fois clore le chapitre du chant et émettre ma seule critique vraiment négative je finirais en citant la performance plus que moyenne de Philippe Ladousse dans le seul morceau que ses ex-coéquipiers lui ont réservé. Les autres voix ont judicieusement été exploitées pour leur personnalité. Christian Décamps est un Don Juan au lyrisme puissant alors que Julie Vander apporte une touche Magmaïenne en susurrant sur "Atomik".
Et la musique ? Elle est cent lieues au-dessus de celle de "La Citadelle". Elle est puissante, riche, finie. Il n'y a pas de temps mort dans cet album clairement travaillé et pensé dans ses moindres détails. On a là quasiment que de longues compositions dans la pure tradition progressive. Les instruments fonctionnent de concert. La guitare et les claviers chantent ensemble ou se répondent dans des joutes musicales. La basse et la batterie jouent le synchronisme ou le contrepoint. On peut d'ailleurs remarquer que l'arrivée de Régis Bravi derrière les fûts à la place de Hervé Morel a contribué à donner plus de punch à la musique de Cafeïne. Les musiciens ont, avec les années, affirmé leur maîtrise et le résultat est superbe.
Il y a dans ce disque tout ce qu'on pouvait attendre d'un groupe prometteur : de la créativité, du professionnalisme, de l'émotion, des mélodies agréables, des ambiances envoûtantes, des textes solides, etc... "Nouveaux mondes" fait oublier la tentative malheureuse de "La Citadelle" et laisse espérer un prochain opus encore plus abouti.