Ghiribizzi est le pluriel de ghiribizzo, mot italien qui signifie lubie ou caprice. Voici donc le troisième caprice de cette formation belge dont la marque de fabrique est un rock néo-progressif joyeux et riche en claviers (il n'y avait pas moins de 3 clavieristes crédités sur Pan'ta Rhei, le précédent album).
Sur le livret de Circuit Rewiring ne figurent que deux presseurs de touches noires et blanches, mais à l'ère du tout numérique nul n'est besoin de nombreux instrumentistes pour obtenir un gros son. Les claviers, piano et synthés, sont toujours aussi présents dans la musique du combo belge. Par contre la guitare ose d'avantage se montrer que dans les opus précédents et Laurens Gardeniers nous gratifie de quelques soli bien inspirés et qui ont le bon goût de ne pas être par trop communs, ni dans les gammes, ni dans les timbres. Ceux de "Thru Different Eyes" ou de "Remains The Same" en sont la parfaite illustration.
Au dessus des mélodies entraînantes, la voix de Frank Centauri règne en maître. Si vous êtes allergiques aux chanteurs qui chantent mais qui ne psalmodient pas, sans doute n'apprécierez-vous pas sa façon très pop d'interpréter les vocaux nombreux avec un organe situé dans le bas médium. Il n'y a aucune recherche apparente de complexité dans les neufs pièces relativement courtes (6'22 pour la plus longue), et cette simplicité permet de mémoriser très vite des lignes mélodiques ou des bribes de paroles. Les compositions ne sont pas pour autant légères, comme pourrait le laisser penser cette immédiateté d'appréhension. Nous sommes plus dans un rock progressif festif à la Phideaux que dans de la pop guimauve.
Écoutes après écoutes, cet album se révèle de plus en plus plaisant, sans pour autant faire ressortir un titre plutôt qu'un autre. N'est-ce pas agréable de pouvoir parcourir l'intégralité d'un CD sans à un moment donné être dérangé par le passage qui n'accroche pas ? Ce Circuit Rewiring n'a guère qu'une seule baisse de régime avec la pénultième composition ("Banyan Tree"), qui a le bon goût de n'étaler sa mélancolique ballade que sur juste un peu plus de trois minutes vite passées. "Descent Of The Dyad", qui sert de conclusion à l'album, étant d'une éclatante gaité, l'auditeur reste sur une excellente impression qui le pousse, lorsque les dernières notes se sont éteintes, à tendre le doigt vers la touche 'Play' ... one more time !
Ce troisième Ghiribizzi est tout à fait recommandable pour tout amateur de musique tout simplement belle. La simplicité est ici de bon aloi et elle n'enlève rien à la richesse des sonorités et à l'excellence des interprètes.