Comme tous les deux ans environ, l'horloge suisse Cataract revient nous faire sonner les cloches. Et comme tous les deux ans, il est inutile d'espérer autre chose qu'un nouveau chargeur de balles dum-dum, 12 cette année, expédiées en rafale avec un appétit de violence bestial. Oui, Cataract est un groupe de jeunes gens très énervés, qu'on se le dise. Malheureusement, la légendaire neutralité suisse est également de la partie, et c'est finalement un Killing The Eternal d'une tiédeur peu enthousiasmante qui nous parvient aujourd'hui.
Le mot d'ordre du combo est simple : pied au plancher. Amateurs de douces mélodies et d'inventivité progressive, passez votre chemin. Rejetons illégitimes de The Haunted et Slayer, nos amis helvètes déroulent le tapis de bombes. Déluge de riffs bourrins à toutes les sauces, avalanche de cris hardcore, fusillades à la double pédale... Tous les ingrédients sont là, mais l'originalité n'a pas passé les frontières alpines, et le résultat est aussi surpuissant que désespérément banal. Rien à redire du côté de l'exécution, solide à tous points de vue, mais la phase de composition de l'album s'est visiblement limitée à enchaîner parties mid-tempo redoutablement chiantes et accélérations frénétiques mais stériles. Frontal, brutal, mais dépourvu de toute espèce d'intelligence, l'album s'écoute distraitement, un pied tapotant vaguement la rythmique ici et là par habitude. La production est elle aussi de qualité, mais à quoi bon, quand les morceaux sont mauvais ?
Et s'il est vrai que le registre n'appelle guère aux circonvolutions lyriques et aux grandes envolées subtiles, il faut tout de même reconnaître que l'on assiste ici à la mise en application d'une recette périmée, si éprouvée par le passé qu'elle se révèle d'une fadeur terrifiante. Où se situe donc la limite entre efficacité et redondance ? Difficile d'en avoir une idée précise, mais il est indéniable que Cataract l'a franchie avec ce disque. Dopé aux stéroïdes, certes, mais qui en rajoute tellement en permanence que tout ce vacarme devient franchement indigeste. Et le plus déplorable dans tout ça, c'est qu'à aucun moment le groupe ne semble vouloir faire l'effort de proposer quoi que ce soit. Aucun solo digne de ce nom à se mettre sous la dent, aucun break savoureux pour aérer un peu ce nuage de fumée toxique...
Inutile d'insister davantage (une leçon que les Suisses devraient mémoriser) : en dépit d'une bonne volonté évidente et d'aptitudes au "bourrinage" qui ne sont plus à démontrer, Killing The Eternal tourne en rond comme un bombardier sans pilote, et les charges explosives qu'il transporte ont depuis longtemps cessé de faire mouche. Retour à la base.