Yogi Lang, frontman de RPWL, s’essaye enfin à l’aventure soliste avec ce premier opus. Après plus de 10 ans avec le groupe allemand, l’homme a enfin décidé de montrer l’étendue de son talent avec ce "No Decoder" qui, sans déflorer la surprise, n’apporte pas grand chamboulement dans la direction musicale que l’homme avait prise avec le RPWL de "God Has Failed" 10 ans plus tôt.
La production est, une fois de plus, calibrée au millimètre et supporte la comparaison avec la référence que l’homme aime à citer : Pink Floyd. Et pour rester concordant avec cette affirmation, il a osé se faire accompagner en personne par le successeur officiel de Roger Waters sur scène avec PF : Guy Pratt. Kall Wallner (la 6 cordes de RPWL) fait aussi une apparition mais le plus surprenant est l’intervention de Dominique Leonetti (du groupe français Lazuli) sur un titre chanté dans la langue de Molière : ‘Allison’, ballade bluette légère, fraîche et étourdissante comparée avec le reste de l’opus mais tellement attachante !
La voix de Yogi est toujours aussi soyeuse et proche de David Gilmour, les différents effets utilisés compensant sûrement le manque d’étendue de la texture. La basse de Pratt ronronne et porte sensiblement quelques titres (‘A Million Miles Away’), les soli de guitares sont assez nombreux et finalement le thème de ce disque oscille continuellement entre "Wish You Were Here" et "A Momentary Laps Of Reason" réalisant souvent un grand écart plutôt réussi.
L’opus est manifestement à prendre dans son ensemble car certains crieront au scandale et au pompage honteux quand d’autres souligneront la réussite dans l’art de prolonger l’âme du Floyd, car la grande majorité des compositions use d’un mid-tempo laissant libre cours aux différents soli de guitares et claviers qui couvrent les 2 disques cités de PF en termes de sonorités (‘A Million Miles Away’ ou ‘No Decoder’ –ce dernier étant un sommet du disque malgré le fait qu’il soit instrumental- ou encore ‘Our World Has Changed’).
Certains titres, souvent ceux portés par une guitare acoustique, auraient pu se retrouver sur des opus du groupe allemand comme ‘Say Goodbye’, ‘A Better Place For Me’, ‘Our Modern World’, tandis que ‘Sail Away’, illuminé par un soli de saxo lancinant et classieux, finit par confirmer (s’il y en avait encore besoin) que Yogi sait vraiment bien choisir ses intervenants. Reste ‘Sensvalue’,instrumental complètement décalé dans cette livraison puisque son rythme soutenu sort totalement l’auditeur d’une douce léthargie et apparaît comme un ersatz inutile.
Un premier disque en solo que Yogi Lang peut fièrement porter à son crédit, même si le risque pris est minime au regard de la ligne directrice choisie qui est ni plus ni moins celle que l’homme a portée avec son groupe depuis bien longtemps. Alors bien sûr faut-il oser pour plaire et réunir les suffrages ? De temps en temps, il est normal d’accepter que certains tentent de maintenir les bonnes choses comme pour prolonger un passé définitivement derrière nous. Un opus sans grande surprise lorsque l’on connaît les antécédents de l’auteur mais tellement rassurant dans le contexte actuel. Merci Mr. Lang.