Voilà un disque qui a divisé la rédaction de MW. Nous vous proposons donc la chronique primaire de Nestor suivi de l'avis différent de Nuno777
---- Nestor : 4,5/10
Après une longue carrière couronnée de succès au Canada, qui déboucha en 1992 sur un split, The Box nous revient une première fois en 2005, puis récemment avec ce "Le Horla". Abandonné le chant en anglais et les ambiances Pop-Rock, le groupe a désormais adopté un mode d’expression totalement emprunt d’influences Prog-Rock. Le propos se veut très ambitieux et a pour volonté de faire revivre une des nouvelles de Guy de Maupassant, "Le Horla". Mais si l’œuvre originale flirte avec la folie et a vocation à se montrer inquiétante, nous avons droit ici à un très pâle remake qui peine à susciter ce type de sentiments.
En effet, que ce soit avec les très dispensables "Le Chat Noir", une pièce de piano seul, dénuée d'âme, ou bien "Un Impénétrable Mystère" qui, tout au long de ses 7 minutes, ne parvient que très difficilement à susciter quelques sentiments fugaces chez l’auditeur, on peine à accrocher à ces monologues ânonnés et à ressentir l’aliénation qui suintait du livre original. Si la musique manque un peu de relief et de saveur, c’est surtout par le chant que le disque pêche. Oscillant entre poncifs du chant progressif et phrasé agaçant, celui-ci dessert totalement l’album. Le sommet est atteint avec "J’ai Vu", un titre qui voit Jean-Marc Pisapia ânonner des paroles sans grande originalité, en abimant de ce fait toute mélodie.
C'est fort dommage car ce disque n'en comporte pas moins d’excellents moments et trouvailles. Parmi ceux-ci, on peut citer le riff de guitare de "L'eau, Le Lait, Le Vin", ainsi que l’alliance clavier / guitare qui clôt ce même titre. Il est d’ailleurs regrettable que les guitares ne soient pas plus présentes tant leurs interventions sont toujours heureuses, à la fois surprenantes et délicieuses. Nous mentionnerons également le plus que correct "A Bougival", un titre langoureux qui repose sur une orchestration très heureuse. Enfin, le final nous surprend agréablement par le biais du très beau et envoutant "Sous Hypnose" et de l’entrainant et étonnant "Super 61".
Cela ne suffit toutefois pas à sauver un disque par trop inégal et manquant cruellement de relief, mais cela laisse un goût amer, car on a le sentiment que l'on passe très près de quelque chose de grand, tant ces bons passages se révèlent intéressants. Les amateurs de Prog très traditionnel y trouveront probablement quelques intérêts, les autres fuiront certainement ce disque bien trop fade et inabouti.
---- Nuno777 : 7/10
Aidé par le concept qui est de reprendre l’histoire imaginée par Maupassant dans son livre Le Horla, j’ai adhéré à cet album étrange, atypique, musicalement léger d'où émane une ambiance si particulière.
J’entends les arguments de Nestor mais je ne peux pas faire autrement que de ressentir toute la puissance du texte mise en musique par The Box. Je dois avouer que la musique seule ne m’aurait peut être pas interpellée de cette manière s’il n’y avait ce texte si puissamment scénarisé. Je retrouve la lourdeur de l’œuvre originale et le choix de ces deux voix mêlées pour la narration ne m’a pas du tout rebuté, bien au contraire.
La critique de dire que le ton est monocorde et indolent est légitime mais cette froideur laisse toute la place au texte pour résonner par lui-même sans la tentation d’y apporter des émotions qui auraient pu être mal choisi ou contradictoire avec l’intention première du récit.
On fustige souvent les œuvres musicales pour la pauvreté de leur texte, avec The Box (et même si ce n’est pas une création totale de leur part), c’est clairement le texte qui transcende la musique et l’histoire contée est promesse d’un vrai voyage.