Anekdoten, Makajodama, Gösta Berlings Saga ou encore Magnolia : prenez quelques zazous issus de ces groupes phares de la scène progressive suédoise, enfermez-les deux heures (oui, j'ai bien dit 2 heures) dans un studio, laissez encore deux heures pour mixer le produit de leurs improvisations et vous obtenez … ce CD dont le nom a probablement demandé plus de temps pour être imaginé et transcrit sur la pochette.
Inutile de chercher ici une production parfaite avec des sons peaufinés aux petits oignons. Les guitares agressent délicieusement les oreilles, tandis que la basse ronfle comme il faut, le tout porté par un jeu de batterie incandescent et imaginatif. Alors forcément, ce ne sont pas les quelques bruits parasites passant en toile de fond qui vont venir perturber l'ensemble, l'essentiel étant vraiment dans la performance proposée par les quatre instrumentistes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que nos lascars assurent comme il faut côté virtuosité.
Dans la lignée d'un Oresund Space Collective, le côté space en moins bien que la musique délivrée s'avère somme toute assez répétitive, nos quatre fantastiques nous proposent une orgie technique dans laquelle les deux guitaristes rivalisent d'arabesques sur fond de continuum rythmique assuré par le duo basse/batterie. Une oreille distraite trouvera tout cela bien lassant, une autre plus attentive se régalera des changements réguliers de rythmique et des montées et descentes de manche à la basse.
Et si l'on met de côté les deux pièces les plus courtes, notamment l'inaudible car trop dissonant Precious Sanity, My Brother The Wind nous offre quatre plages que l'on pourrait finalement ranger aux côtés d'un Space Truckin' de Deep Purple dans sa version Made In Japan, voire même d'un Margaret "marillionesque".
Alors, direz-vous, tout cela réussit-il à produire de la musique ? Avec de l'émotion ? Très honnêtement, c'est là que le bât blesse : si la performance qui confine à la prouesse technique est tout à fait remarquable, il s'avère plutôt difficile de sortir de l'exercice de style et de classer cette galette au rang de celles que l'on écoute en boucle, la faute en grande partie au côté répétitif d'un titre à l'autre, et de l'absence de véritable construction de chaque morceau, ceux-ci se déroulant sans fil conducteur avéré.
Néanmoins, au vu de cette première expérience, gageons que nos compères sauront renouveler l'expérience, dans le cadre cette fois de pièces élaborées qui, n'en doutons pas, confineront probablement au sensationnel au vu de leurs pedigrees respectifs.