Frustré par la lenteur de l'avancement du deuxième album de Seti, chroniqué ici-même, Claudio Momberg a profité de l'occasion pour initier un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps déjà, à savoir réaliser un album contenant de la musique classique. Au fil du temps, l'idée initiale a quelque peu évoluée, puisque de musique classique (quasiment) pure, il ne reste "que" la première plage de Dimensions, les trois autres pièces présentées ici restant tout de même assez proche de l'esprit de départ.
A tout seigneur tout honneur, le premier mouvement de Dimensions, sobrement intitulé Air, développe sur 24 minutes la base classique de ce projet. Un seul instrument à cordes a été utilisé dans cette pièce, la guitare. Le reste ? Les violons et leur vibrato ? Les contrebasses dont les graves font vibrer le corps ? Tout cet orchestre à cordes plus vrai que nature ? … Ce résultat bluffant les oreilles les plus exercées est le fruit des incroyables expérimentations de Claudio Momberg. Ne voyant pas d'orchestre crédité sur l'album, il m'a d'ailleurs fallu lui demander confirmation de l'utilisation de samples et de séquenceurs géniaux tellement le résultat est époustouflant de réalisme.
Cette dimension technique mise à part, reste une formidable symphonie de 24 minutes, prenant le temps de développer ses différents thèmes, proposant par moment quelques ambiances à la Mike Oldfield, et apportant sans cesse de nouveaux éléments, créant ainsi une ambiance dans laquelle l'auditeur se trouve immergé au plus profond de ses émotions, le temps semblant suspendu par la grâce de toutes ces cordes virtuelles. Loin de la monotonie présente dans Music Of The Spheres de Mike Oldfield, Claudio Momberg parvient à varier suffisamment les thèmes et surtout les ambiances pour maintenir l'intérêt tout du long de cette pièce gigantesque.
Loin de s'arrêter à ce morceau de bravoure, notre artiste chilien continue son voyage symphonique avec les trois autres mouvements de l'album. C'est tout d'abord Structures qui déroule des entrelacs harmoniques et mélodiques qui flattent les oreilles, soutenus en cela par des rythmiques percutantes, toujours sur une base de rock progressif symphonique. Une nouvelle pépite à déguster sans modération.
Solids quant à lui se révèle un véritable titre de néo-progressif comme nous l'apprécions : rythmique syncopée, mélodie facilement identifiable et ambiance variée. Voilà une plage qui se rapprocherait plutôt des productions de Seti, et sur laquelle une partie vocale n'aurait pas déparé.
Enfin, dernier exercice de style, Tension se veut être une pièce entièrement dédiée aux guitares acoustiques. Basée sur des séries d'arpèges répétitifs, elle installe finalement une ambiance différente du reste de l'album, clôturant celui-ci tout en douceur, et suscitant chez l'auditeur une irrépressible envie d'enfoncer de nouveau la touche Play.
Evitant les habituels pièges inhérents aux albums 100% instrumentaux se réclamant de la musique classique, Claudio Momberg réussit avec ce premier opus de Taurus un véritable coup de maître. Cet homme possède un talent fou, et malgré son éloignement géographique, je ne pourrais que vous conseiller de vous pencher non seulement sur cette galette, mais également sur ses autres productions. Parce qu'il le vaut bien !