Après avoir subit le départ d’un de ses deux membres fondateurs, Dan Lilker (parti créer Nuclear Assault), et évincé son chanteur Neil Turbin, l’avenir d’Anthrax semblait bien compromis à la veille de sortir son second album. Pourtant, le groupe va dénicher en la personne de Joey Belladonna, un chanteur qui, grâce à sa voix mélodique, va lui permettre d’accéder à un autre niveau. Son chant modérément agressif va en effet devenir le parfait contrepoids des riffs thrash et même parfois punk, de la paire Ian / Spitz, et va grandement contribuer à créer un équilibre très intéressant entre brutalité et accessibilité. Cette relative légèreté va d’ailleurs très vite se faire sentir dans les paroles et dans le look de nos 5 musiciens. Mais, ce n’est pas encore le cas avec "Spreading The Disease".
En effet, les sujets abordés sont ici globalement de deux types. Beaucoup de titres puisent largement dans une thématique guerrière ("Gung-Ho", "Armed And Dangerous", "A.I.R.", " Enemy"…), alors qu’une autre partie aborde plutôt le sujet de l’oppression et donc de la lutte pour une forme de liberté. Mais soyons honnêtes, les paroles ne constituent pas réellement l’atout premier du groupe. Leur caractère assez simple et leur construction rapide (bons nombre de rimes restent bancales) ne leur permettent pas de se démarquer de la production ambiante. Seule la diction et le débit de Belladonna leur apportent une force et une personnalité intéressante.
De fait, c’est plutôt au niveau musical que le groupe marque des points. Ce second album se rapproche plus du style NWOBHM par rapport à un "Fistful Of Metal" qui apparaissait plus décousu et plus basiquement thrash. Ainsi, dès le premier morceau, "A.I.R.", nous plongeons dans une marmite de riffs aussi simples qu’efficaces. Il en va de même avec "Aftershock" ou "Gung-Ho" qui sont tous de bons morceaux de thrash classique. Mais là où Anthrax se démarque de la concurrence, c’est quand il introduit une once de mélodie catchy qui transforme ses morceaux en hymne Heavy. C’est le cas avec "Medusa" (co-écrit par le producteur John Zazula) et son refrain fatal, ou bien avec "Lone Justice" et sa ligne de basse imparable. L’équilibre entre puissance et mélodie est alors des plus réjouissants.
L’album est globalement homogène, et il n’y a guère que "Armed And Dangerous" qui sorte un peu du lot. Ce long titre à la magnifique introduction relaxante, limite planante, évolue lentement pour monter en puissance et terminer dans le plus pur style thrash. Bien que non représentatif de l’album, il illustre bien les deux facettes du Anthrax de cette période. Un groupe capable de combiner à merveille douceur et frénésie. Un régal.