Musicalement on ne fera jamais le tour : trop de genres, trop de groupes, pour peu que notre curiosité s’en mêle, ce sont des millions d’heures de découvertes de toutes sortes qui s’offrent à nous. On pourra toujours faire le choix de se limiter à un genre bien défini, disons le rock au hasard, mais on se retrouvera alors confronté à la problématique des sous-genres, qui du pop-rock au Black Metal nous entraînera loin. Alors nous tenterons de cibler l’un de ces sous-genres, tel que le Stoner, mais là encore, des groupes comme Watersun s’acharneront à nous offrir de longues heures de mise en nuances de leur art.
La nuance, voici donc le maître mot pour décrire Watersun, pourtant représentant d’un genre qui n’a pas grand-chose à envier aux sonorités grasses et éraillées du grunge. Et pourtant oui, de la nuance peut germer dans l’agressivité ! Cause ou conséquence, on peut rapprocher une large part de ce relief aux multiples références qui percent à travers les morceaux du quartet franco-allemand : de Tool à Soundgarden, entre Queens Of The Stone Age et Deftones, Watersun irait presque emprunter quelques gimmicks à un certain Metallica ou autre Black Sabbath. Entre chant déchiré ou clair, riffs tourbillonnants ou acérés, rythmiques minérales ou sèches, il semble que chaque référence ait été parfaitement assimilée pour un résultat foisonnant et certifié original.
Pour revenir à des considérations plus techniques, on peut signaler le dépouillement et la clarté de la production qui laisse donc passer autant d’énergies que d’impuretés, attirantes ou agaçantes selon votre degré d’adhésion à l’œuvre proposée. Le point le plus discuté sera sans aucun doute la voix d’Olivier Pauly, qui s’il n’est pas à condamner pour son accent anglais tout à fait correct, pourrait l’être pour sa trop grande sincérité et son envie débordante d’habiter chacun des morceaux. Parfois à la limite de la rupture, il parvient toutefois à marcher sur un fil particulièrement ténu sans jamais réellement chuter. Il faut préciser qu’il est soutenu par un trio musical parfaitement en place : basse en avant et murs de guitares de rigueur s’appuyant sur un matraquage méticuleux dont on ne regrettera que les légers excès de résonance.
Le tableau ayant été brossé dans sa globalité, venons-en à quelques aux touches successives qui le composent. C’est par une alternance manifeste entre brûlots stoner et atmosphères plus aériennes que Watersun entend nous entraîner dans son univers. Ainsi, si l’album s’ouvre sur le tonitruant "Messenger" pour enchaîner sur le plus accessible "Left Ventricular Disorder" à la structure très rock que l’on retrouvera entre autre sur les "Endogyne Walk", "Cortex Like Mechanisms" ou "No Man At Sight", notre quartet nous offre également plusieurs respirations bienvenues avec les non moins réussis "The History Of An Average Sized Sun", "Cherobin Dreams", "We Are" ou "15 Billion".
En définitive, on pourrait être tenté de se demander quelle est donc la faille de ce "Mind 2 Zero" ? Et en fait d’une faille, c’est plutôt par une impression de trop-plein que nous pourrions apporter une réponse : sans doute particulièrement motivé de pouvoir enfin retourner en studio avec un line-up stabilisé, Watersun donne parfois l’impression de vouloir trop en faire et nous livre de manière trop exhaustive son talent pour autant bien réel. Si les bonnes idées fourmillent et si la qualité intrinsèque est indéniable, une légère modération de ses effets auraient sans doute permis au groupe de mieux nous apprivoiser. Nul ne doute qu’avec des bases aussi solides ce ne sera qu’une question de temps pour y parvenir, et nous serons les premiers à attendre le prochain résultat !