Il n'y a pas à dire, les deux Nelson Brothers s'y entendent pour que le chant des guitares se revendique de toutes les tendances du rock musclé, sauf de celle de la timidité, s’il en était ! Cet album est en fait une compilation de morceaux ayant fait office de maquettes de démonstration, quelques deux décennies en arrière, en prélude à l'obtention d'un premier contrat (avec Geffen Records). 18 titres à la parade, dont les durées avouent le formatage FM, et qui sans réellement faire preuve d’un enchaînement chronologique imparable, permettent de témoigner d'une belle maturité sonore, aux premières heures de l'aventure. Les jumeaux le clament haut et fort : la griffe Nelson n’est pas née de la dernière… pluie ; elle est issue d’un talent précoce.
Before The Rain ouvre la danse avec… "After The Rain" ! Joli sens du contrepoint, bel hommage au point de départ musical de notre duo, mais surtout un choix qualitatif éclairé, car il s’agit bien de la création éponyme prenant place sur l’album de 1990, et qui a très certainement participé à l’immense succès de celui-ci. Sa qualité tubesque n’est pas usurpée. Même si le grain vocal n’est pas des plus inattendus pour le genre, "After The Rain" séduit quasi immédiatement par sa chaleur musicale, son énergie, son allure AOR emblématique et ses élans de conquérant épique.
L’album embarque également le mémorable "(Can't Live Without Your) Love And Affection", qui à l’époque avait également fait son bout de chemin – plébiscite des auditeurs à l’appui, durant l’année 91. Son ouverture teintée de guitare cristalline est très visuelle, telle une évocation de lumières dansantes et scintillantes.
En fait, on trouve un peu de tout sur ce Before The Rain, qui évite ainsi le piège classique inhérent à ce genre musical, c’est-à-dire le risque de lassitude pour l’auditeur, pouvant rapidement, si la production n’y prend garde, se laisser envahir par le sentiment d’avoir tout entendu une fois les premières minutes écoulées.
De tendances traditionnellement AOR, inspirées notamment de sympathiques soli de six cordes ("Will Ya Love Me", "I Wish", "That’s Love", "I Can Hardly Wait"…), l’album évolue dans sa tonalité et navigue entre des élans plus radicaux ("Let’s Get This Show On The Road", "Runnin’ Outta Time"…) et des ballades aux vocations typées FM accessible, mais néanmoins pêchues, ("Senorita", "Everywhere I Go", "Far Away From Home"), voire même se permet quelques incursions aux allures acoustiques ("Avalon"). "Love Is All We’ve Got" n’est pas en reste. Il clôture la galette à la manière d’ "After The Rain" qui l’avait entamée. Chassez le naturel… et il revient au galop. Mais nous n’en blâmerons pas les deux comparses, qui dans ce genre là, donnent vraiment le meilleur d’eux-mêmes.
Un bon moment à passer en compagnie de Nelson, sous réserve de prendre le temps nécessaire pour extraire et assimiler convenablement la substance mélodique de cette musique. Ne rêvons pas au-delà du possible, tous les titres n’auront pas la portée immédiate d’un "After The Rain".