Self-Destructed est un disque dont nous aurions aimé ne dire que du bien. Pour plusieurs raisons. Déjà, ses auteurs sont Français, et de Lyon en plus. Ensuite, The Oath, en dépit de deux précédents opus plutôt bien reçus, notamment le second (4), est resté très discret depuis, n’ayant pas bénéficié d’une promotion à la mesure de ses ambitions. Eu égard au travail abattu tant sur albums que sur scène, on a donc envie de le défendre. Enfin parce que le visuel créé par le toujours talentueux Fursy Teyssier (Amesoeurs) est aussi réussi qu’intriguant. Parce que c’est un concept-album. Parce que l’ensemble repose sur une architecture solide et charnue. Voilà.
Mais alors où est-ce que le bât blesse. ? Peut-être tout simplement dans la nature même de ce Black Métal que forge le groupe, avec beaucoup (trop) de claviers. A la fois agressif et d’obédience symphonique, cet art noir est ainsi constamment parasité par des nappes synthétiques par trop envahissantes qui, si elles réussissent (ce qui reste à prouver) à des ténors tels que Dimmu Borgir, font ici plus qu'exonérer les compositions des Français, pourtant bien troussées à la base, d’une bonne part de leur négativité. Seul le terminal "I Am Nothing", du haut de ses presque dix minutes au compteur, parvient dans une certaine mesure à exsuder un fluide malsain et une certaine, bien que relative, noirceur.
Le reste, malgré la volonté affichée du collectif de recouvrir son Métal d’un dôme dramatique, arbore des atours finalement trop mélodiques. Etonnamment, c’est néanmoins lorsque des lignes de chant clair parcimonieuses surgissent le temps d’un refrain ("Watch Me Bleed") que The Oath séduit peut-être le plus, car celui-ci réussit alors à briser un tant soit peu une trame sans réelle surprise.
Mais, entre une entame prometteuse, qu’incarnent "End Of The Lines" et "Embraced", et une conclusion aux accents assez sombres, Self-Destructed, qui peut toutefois compter sur une prise de son énergique, peine malheureusement à émouvoir, à hérisser les poils sur les bras. Toutefois, cet album ambitieux mérite peut-être mieux que cette analyse mitigée qui reste avant tout le reflet du peu d'appétence que l'auteur de ces lignes éprouve pour ce type de Black Métal. A vous de juger...