Relativement oubliés, à l’exception d’une poignée de fans, les Canadiens d’Anvil sont revenus dans l’actualité métallique grâce à l’excellent documentaire "The Story Of Anvil" sorti en 2008. Depuis lors, on redécouvre un groupe qui a déjà plus de 30 ans de carrière et 13 albums au compteur, dont quelques classiques dans ses débuts, et qui a failli devenir un des ténors de la scène métallique mondiale.
"Hard’n’Heavy" est le tout premier opus du groupe qui s’est fondé, autour du duo Robb Reiner (batterie) et Steve "Lips" Kudlow (chant et guitare), courant 1978 sous le nom de Lips à Toronto. Le quatuor propose un hard rock simple et facile d’accès, inspiré par AC/DC, Saxon ou encore Motörhead. Ce premier album a d’abord vu le jour de manière indépendante en 1981 sous le nom de Lips, avec une pochette aguicheuse et ne rendant guère hommage à la musique. Mais grâce à de très bons échos et une mode très favorable au genre, le groupe signe rapidement sur le label Attic. Il change son nom en Anvil et propose une pochette plus proche du style musical, avec aussi et surtout leur célèbre enclume accompagnée d'un logo agressif et fédérateur.
Ce premier album montre une formation encore assez jeune et verte mais qui sait déjà bien envoyer la sauce tout au long des 10 plages qui le composent. Titre majeur, "Bedroom Game" est un véritable morceau de speed métal avec des soli incisifs, rythme très rapide avec batterie très en avant et un chant très rapide. Un peu comme si Motörhead avait mis le turbo. Ce faisant, Anvil se pose en précurseur d’un genre qui va rapidement exploser partout dans le monde.
A côté il y a de bons titres qui se laissent écouter avec plaisir comme "AC/DC" qui est un bel hommage à la légende australienne. Puis avec "Ooh Baby" et "Hot Child", on trouve deux autres titres bien speed qui montrent un Lips très puissant au chant, avec un Reiner qui pilonne comme une mitraillette à la batterie sur des riffs et soli bien rapides. Enfin, avec "School Love" et "At The Apartment", Anvil nous balance deux compositions plus typées hard rock à la Saxon, certes pas indispensables mais dont le côté frais reste assez séduisant.
Il y a quand même, et assez logiquement, quelques faiblesses. Le guitariste Dave Allison chante sur deux titres ("I Want You Both (With Me)" et "Oh Jane") et le résultat est médiocre, sa voix manquant clairement de puissance et sonnant trop pop. D'autre part, le groupe ose reprendre le "Paint It Black" des Rolling Stones mais n’arrive pas à la cheville de la version originale, le challenge étant un peu trop grand pour nos amis canadiens.
Ce tout premier album est donc sympathique et contient tous les éléments attachants, caractéristiques des débuts. On sent de plus un potentiel fort dans Anvil et il est clair qu’avec un producteur qui les guiderait et leur donnerait un son plus puissant, la bande de Lips et Reiner a les armes et les idées en main pour exploser à une grande échelle.