Du haut de ses 10 ans d'âge, Sleepy Hollow, combo originaire du New Jersey mené aujourd'hui par le duo Joe Dell / Matt Schwarz, nous envoie ce double album, baptisé Legend - probablement en référence à la nouvelle de Washington Irving, la Légende de l'Homme sans Tête (nous vous laissons lire la biographie interminable de nos deux lascars sur le site du groupe) -, sorte d'O.M.N.I. de plus de deux heures. Accrochez vos ceintures pour ce voyage sans retour garanti. Compilant des titres écrits durant la dernière décennie au cours de l'histoire pleine de rebondissement du groupe, avec d'autres titres improvisés en studio, Legend est le genre de galette qui va ravir… ou faire fuir, mais qui dans tous les cas ne laissera personne indifférent.
Comme toute chronique qui se respecte, il est bien entendu question d'influences, histoire de tenter de situer le style d'un groupe probablement inconnu pour la plupart d'entre nous. Out Of The Mist nous donnerait-il quelque indication ? Deep Purple et ses claviers furieux façon Jon Lord… mais aussi Jethro Tull pour le côté folk ? Continuons un peu plus avant notre voyage et abordons les rivages musicaux fréquentés par, en vrac, Iron Maiden (Armageddon), Uriah Heep, ou pour des éléments plus récents, Black Bonzo et son côté sombre. Du progressif, du hard-rock, un peu de folk mais aussi des thèmes classiques (Joan), le tout dominé par des claviers, ou plutôt des orgues aussi bien Hammond que d'église, sur lesquels viennent se poser les guitares crasses de Matt Schwarz. La qualité de restitution n'est pas la préoccupation principale de nos artistes, de même que la dextérité (ah, les notes "bouffées" dans les soli de guitare) ou encore la justesse du chant. L'ensemble sonne très 70's, et nous sommes bien loin de la qualité clinique des productions actuelles. Du coup, il sera nécessaire de bien tendre l'oreille pour apprécier les interventions de harpe ou de violon, bien présentes mais quelque peu noyées sous le déluge sonore.
Quant aux différents thèmes musicaux, ils peuvent être tronqués, ou encore répétés à l'infini ou presque (Le lancinant The Wanderer et ses 10 minutes lancinantes ou encore Sorrow's Night et son chant lourdingue), ou alors se retrouver subitement coupés par des chorus instrumentaux furieux et magnifiques (The Soldier's Lament) dont on finit par regretter leur trop courte durée.
Bizarrement, malgré la diversité des styles abordés et les conditions de regroupement des différents titres au sein d'une même œuvre, ce double-album (à l'exception de la dernière plage, sorte d'improvisation "Ummagummesque") pourrait presque être assimilé à un opéra-rock. Passées les deux ou trois premières écoutes, l'ensemble finit par proposer une cohérence tout à fait inattendue, où le côté sombre est bien entendu prédominant, sorte de bande originale d'un film d'horreur que l'on porterait sur les planches. En tout cas, le dépaysement est garanti.
Garantissant de nombreuses heures d'écoutes, et à condition de ne pas être rebuté par la densité de l'ensemble, Legend vous guidera tout droit dans un voyage musical de 4 décennies… vers le passé, tentant de redonner ses lettres de noblesse à l'ambiance musicale de l'époque. La longueur de ce double-album est une de ses qualités, mais également son principal défaut. L'auditeur curieux saura s'en affranchir, n'en doutons-pas.