Kelly Dalton est de ces artistes qui, pendant des années, a fait chauffer sa peau sous les lampes de petits piano-bars enfumés, avant d’avoir la chance, les rides déjà formées, d’enregistrer ses propres chansons. Habitué aux ambiances intimistes de certains lieux nocturnes de Los Angeles, le bonhomme décide de les épouser et de leur faire trois beaux enfants dont le petit dernier, opus d’une demi-heure seulement, porte le nom évocateur de "Everything Must Go".
Accompagné pour l’occasion par toute une pléiade d’amis musiciens, Kelly s’est attablé derrière une guitare sèche ou à un piano afin de faire goûter à qui voudra s’asseoir à ses côtés à sa pop intimiste et mélancolique aux accents folk. Dans son plus simple appareil, à peine drapée parfois de quelques cordes tristes ou d’un harmonica tout aussi plaintif, la musique du Californien semble arrêter le temps mais pas l’imagination. On peut se sentir tout à la fois assis sur le perron d’une bicoque de Louisiane, accoudé au zinc d’un vieux bar de quartier, regardant par la fenêtre un soir d’orage ; autant d’endroits où l’on peut se retrouver quelques instants empli d’une simple quiétude.
Les Etats-Unis sont donc le décor de ce joli tableau, dont Kelly est le principal sujet. De sa voix racée, il égraine lentement les notes, donnant vie à une musique aux formats souvent minimalistes. De temps en temps, des guitares électriques ou un lap steel évanescent façon Dire Straits viennent donner un peu de robustesse à ce fragile ensemble. Le rythme ne s’accélèrera d’ailleurs qu’à de rares moments intitulés "Seen It All", "Breakthrough" ou "A Message", dopé notamment par des battements de fûts plutôt jazzy.
Art de vivre pour Kelly Dalton, bref moment d’apaisement pour les autres, "Everything Must Go" est un avant-goût aux plaisirs simples. Sans prétention mais loin d’être dénué d’un certain charisme lumineux, orné de quelques perles naturelles à l’image de "Forgotten", cette nouvelle offrande mériterait de faire sortir son géniteur du relatif anonymat dans lequel il se trouve encore injustement confiné.