En dehors de Genesis, Mike Rutherford est surtout connu pour sa participation à Mike & The Mechanics. Il a pourtant sorti deux albums solo, l’excellent Smallcreep’s Day en 1980 et Acting Very Strange, deux années plus tard, opus qui nous occupe ici.
Cet album est une curiosité... Si Smallcreep’s Day gardait de solides racines genesiennes, le style choisi ici s’en écarte résolument, adoptant un ton pop et beaucoup plus direct qui suprend au premier abord. Parmi les collaborateurs présents, on notera Daryl Struemer, guitariste des concerts de Genesis, Noel McCalla qui assurait les vocaux dans l’album précédent de Mike et le Stewart Copeland de Police aux fûts.
La pochette pourrait concourir pour la plus moche de ma discothèque... Et malheureusement, le contenu intérieur fait également frémir le mélomane que je m’efforce d’être. Les compositions sont très simples, voire simplistes et le plus souvent inutilement longues. A la fin de I Don’t Wanna Know, par exemple, la même phrase est répétée 24 fois sur le même air et avec le même ton ... Le sommet de l’indigence est atteint avec Couldn’t Get Arrested, gloubi-boulga très indigeste chanté par un Mike Rutherford qui n’a pas la carrure vocale pour porter un titre aussi "difficile". Car Mike tient ici le lead vocal, à l’image de ce que fera, une année plus tard, son ami Tony Banks sur le discutable Fugitive ; et, pour rester indulgent, nous dirons que ce n’est pas le poste qui lui convient le mieux. Certes, il chante juste, mais chanter juste, ce n’est pas toujours bien chanter, et le charisme comme la précision lui font cruellement défaut. Certains titres comme A Day To Remember souffrent terriblement de cette faiblesse. Et comme par ailleurs les compos sont à des lieues du caractère mélodique de Genesis (hormis Hide Away), et comme les arrangements sont à des kilomètres de ceux qui feront une des qualités des Mechanics, le fan peut se demander où est l’intérêt de cet album, interminable dans sa brièveté (moins de 39 minutes).
Acting Very Strange est pourtant un témoin, à l’état d’ébauche, du travail que Mike Rutherford va développer avec les Mechanics : l’auditeur attentif trouvera çà et là des détails annonciateurs du futur comme les retouches électroniques sur A Day To Remember, les grosses intros lourdes comme dans Maxine ou Who’s Fooling Who ?, ou encore les recherches d’arrangements rythmiques de I Don’t Wanna Know. En dehors de cet aspect de curiosité historico-musicale, circulez, y’a rien à entendre !