Ne vous fiez pas trop à la présence paternelle à ses débuts de Didier Chesneau et Aymeric Ribot d'Headline car Akentra ne noue aucun lien avec la sphère progressive qu’elle soit métal ou non. De même, le fait que l’on retrouve derrière les manettes de ce premier jet, David Potvin de Lyzanxia ne signifie absolument pas que le collectif ait quelque rapport que ce soit avec la musique burnée. Certes, il y a bien de gros riffs, des guitares épaisses comme des jambons, seulement ces attributs sont mis au service de ce qu’on appelle faute de mieux le Métal gothique à chanteuse.
Certains doivent déjà prendre leurs jambes à leur cou à l’énoncé de ce (sous) genre désormais à bout de souffle qui très souvent patauge dans les marais de l’indigence. Pourtant, rassurez-vous, Akentra dont le nom, celui d’une plante carnivore apparemment, se veut l’illustration du double visage, à la fois lourd et angélique, que le groupe prétend afficher, mérite mieux que cela car il a dans le bustier une belle paire d’atouts.
Tout d’abord, les Français comptent dans leur rang une chanteuse charmante, Lucia Ferreira, au timbre puissant et qui a le bon goût, ni de tomber dans la vulgarité, ni de souffrir d’une prononciation anglaise approximative et rédhibitoire, écueils qu’entachent malheureusement nombre de performances de ses consœurs. Ensuite, Akentra a compris qu’une belle voix ne suffit pas (plus). C’est pourquoi il a soigné ses compositions. Celles-ci se révèlent la plupart du temps inspirées. Elles ont de l’énergie et du relief, corsetées dans une production claire et gainée de plomb.
Surtout, elles offrent une palette plutôt diversifiée, ne se contentant jamais de régurgiter sans imagination les automatismes qui grèvent le style. S’il sait faire parler l’émotion, le temps de pauses douces et poignantes ("Alone", "My Left Foot"), s’il n’hésite pas à recourir à quelques grognements de bête en rut masculins ("New Game"), Akentra libère avec largesse un Gothic Metal calibré peut-être, imparable sans aucun doute, habillé de bas résilles cousus avec des mélodies nerveuses et Heavy, à l’image des deux titres d’ouverture, "Alive" et "Do My Best".
Pourtant, bien que réussis, ceux-ci sont l’arbre qui cache la forêt tant ce qui suit s’avère plus intéressant encore car moins facile. Ce sont des morceaux aux modelés plus nuancés, portés sur les ambiances, témoins les pesants "Daddy" et "Make Up" ou "Gimme Your Gun". On aime aussi ce "Just Close Your Eyes", qui fait tout simplement du bien ou "Twelve" qui paraît vouloir emprunter une direction assez sombre, ce qu’infirme un refrain étonnamment plus léger.
Entre puissance et élégance, Asleep impose d’emblée ses auteurs à la tête des jeunes pousses d’un Gothic Metal français qui n’a franchement pas à rougir de la comparaison avec ses voisins européens. Bien au contraire même. C'est une bonne découverte !