SBB, le plus ancien groupe de prog polonais, nous revient un peu moins de deux ans après The Iron Curtain. Le line up du trio s'est stabilisé depuis The Rock en 2007, année de l'arrivée de Gabor Nemeth (batterie) auprès des deux membres fondateurs Jozef Skrzek (chant, claviers et basse) et Antymos Apostolis.
La stabilité acquise de la formation a pour premier effet d'asseoir le groupe dans ce style inclassable où il s'est placé depuis The Rock, c'est à dire un rock-progressif plutôt 'old school', bourré de réminiscences sans jamais vraiment plagier quiconque. "Etuda Trance", le titre qui ouvre l'album, en est un bon exemple avec son symphonisme étayé par un orgue d'église digne de Rick Wakeman ou de Pär Lindh, alors que la trame mélodique ondule sur une vague Camelienne.
Contrairement aux album précédents, SBB privilégie ici sa langue natale, car un seul titre ("Red Joe") est chanté en anglais. Cette composition est d'ailleurs surprenante puisqu'elle ressemble à une adaptation libre du "Hey Joe" de Jimi Hendrix. Cet hommage hard-blues permet à Antymos de démontrer sa maîtrise sur six cordes. Autant on pouvait sentir des influences Floydienne dans The Rock, autant Blue Trance offre des ambiances qui doivent plus à Latimer qu'à Gilmour, avec parfois l'improbable rencontre de Camel et de Santana sur "Musniecie Kalimby".
Réminiscence encore, "Szczescie Jak Na Dloni" démarre sur quelques mesures qui font craindre (ou espérer) un remake de "In The Court Of ..." mais le développement s'éloigne suffisamment du hit crimsonnien pour éviter une comparaison qui n'aurait pas été à l'avantage des Polonais. Coté étrangeté, le titre "?wi?to dioni" surprend par ses vocaux sans paroles, comme si l'auteur n'avait pas trouvé de mots à mettre sur la musique et s'était contenté de sons buccaux. Au rang du dispensable, on peut placer le titre éponyme qui a la particularité d'être le plus rock de tout l'album mais sans grand intérêt. Enfin, et heureusement, "Coda Trance" offre à cet opus un final qui est un excellent pendant à son introduction, une pièce symphonique riche en claviers et guitare, qui restera ma composition préférée.
Blue Trance est une œuvre un peu trop 'bariolée' pour être complètement esthétique. J'aurais apprécié plus de cohérence dans la succession des titres. Les trois musiciens sont suffisamment talentueux pour produire un album plus abouti, en espérant que ce sera le prochain. En attendant, celui-là fort écoutable.