APPEARANCE OF NOTHING: All Gods Are Gone (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Nous avions quitté les Suisses de Appearance Of Nothing en 2008, avec un Wasted Time bancal, qui se réclamait du métal progressif sans pour autant affirmer la moindre amibition en ce sens. Sur une scène absolument sclérosée par le manque d'originalité, il était d'autant plus regrettable de constater que le potentiel certain du quintet helvète n'avait guère été employé. Le groupe était déjà prometteur, et la production signée Markus Teske (Amaseffer, Saga, Vanden Plas, Symphony X et bien d'autres) conférait malgré tout une vraie puissance aux compositions, mais l'ensemble était bien trop faible pour éveiller en nous plus qu'une curiosité polie. Les choses vont probablement changer avec ce cru 2010 !

En effet, nos cinq compères ont clairement décidé de passer la seconde, et d'enfin se donner les moyens de réussir. Tout d'abord, deux invités prestigieux ont été conviés à prendre part à ce nouvel album. L'insaisissable Dan Swano (Nigthingale, Edge Of Sanity entre autres), assombrit de son growl plusieurs titres, notamment l'opener "The Mirror's Eyes", séquelle avouée de "Man In The Mirror" faisant le lien avec l'album précédent. Devon Graves, charismatique leader de Psychotic Waltz et DeadSoul Tribe (que l'on a récemment apprécié dans un registre similaire avec The Shadow Theory) apporte également son timbre inimitable à "Sweet Enemy", premier des deux epics présents sur All Gods Are Gone. Loin de voler la vedette aux membres du groupe, ces deux participants rehaussent toutefois clairement l'intérêt des titres en question, en leur conférant une variété et une fraîcheur bienvenue.

Les membres du groupe ? Tiens, parlons-en : relativement prolifiques sur le plan technique, ils ont le bon goût de ne pas en faire un étalage permanent et stérile et recherchent avant tout une cohésion mélodique qui demeure palpable du début à la fin de l'album. Très mélodique également est le chant, partagé entre le guitariste Pat Gerber et le bassiste Omar Cuna.

Musicalement, Appearance Of Nothing affirme ici son identité artistique. Sur une base métal prog' classique qui oscille entre Vanden Plas et Symphony X, le groupe développe avec audace un style très riche, avec des éléments aussi bien néoclassiques ("...I Said Silence") que techno (l'étonnante intro de "The Call Of Eve"), flirtant parfois avec le thrash (le solo de "The Mirror's Eyes"), tout en conservant un côté redoutablement accrocheur, dans les riffs notamment, qui confine presque au hard FM par moments. Le dernier titre est pour sa part un instrumental plutôt classique dans sa construction, mais aux mouvements savoureux et à l'exécution irréprochable. On louera particulièrement les sons de clavier, très agréables comme sur le reste du disque. En bref, celui-ci paraît peu assuré à la première écoute, mais il est clair que rien n'a été laissé au hasard, et on assimile petit à petit les diverses ambiances qui nous sont proposées.

Sans se révéler extraordinaire, et encore moins indispensable, All Gods Are Gone est de ces albums qui ont un arrière-goût de revenez-y, un je-ne-sais-quoi d'entêtant qui vous intimera de le refaire tourner une fois de temps en temps... Un sentiment difficile à transmettre par le biais d'une simple chronique, mais qui s'explique par la qualité incontestable de l'album. Les amateurs de métal progressif mélodique en auront assurément pour leur argent ; mais les curieux et les férus d'expérimentation pourraient également y trouver leur compte. Il faudra certainement surveiller la prochaine réalisation des Suisses, car on devine qu'ils en ont encore sous le coude. Espérons qu'ils y accordent le même soin !

APPEARANCE OF NOTHING

ALL GODS ARE GONE

ESCAPE MUSIC

METAL PROGRESSIF