Qualifié comme un enfant terrible du Hard Rock, Buckcherry a débuté sa carrière au milieu des années quatre vingt dix. Ce combo californien, souvent comparé à Guns’N’Roses, a connu des hauts et bas, tout en vendant plusieurs millions d’albums en majorité sur le sol américain. En effet, après un break semblable à un véritable split au début du deuxième millénaire, Buckcherry a amorcé un retour en force avec l’album "15", sorti en 2005, qui remporta beaucoup plus qu’un succès d’estime. Après "Black Butterfly" en 2008 et un live en 2009, cette formation pugnace et hautement tatouée bat le fer tant qu’il est chaud en livrant son cinquième album "All Night Long".
Alors à quoi faut-il s’attendre lorsque cette galette se glisse délicatement dans le lecteur ? En tout bien tout honneur, le quintet ne déroge pas à la ligne de conduite qui est à l’origine de sa renommée Outre-Atlantique. Cet opus se veut avant tout festif et dynamique, doté d’une production très nette, mettant particulièrement en valeur chaque instrument. Le son chaud et gras des guitares n’est pas sans évoquer AC/DC, une influence majeure de Buckcherry qui marque des morceaux comme "All Night Long", son frère jumeaux "Oh My Lord", et le rapide et mordant "Never Say Never". Mais heureusement que l’expérience sait se muer en un sens affûté de la composition entêtante et surtout entraînante, à l’instar d’un "It’s A Party" lorgnant avantageusement vers un Big Rock qu’ Aerosmith ventilerait volontiers, ou bien en prenant un bon coup de vent du sud par l’entremise d’une guitare slide rutilante sur "Liberty".
Bien que la tendance au tempo médium soit prédominante sur "All Night Long", la présence des deux ballades "These Things" et "I Want You" plombe quand même assez fortement l’ambiance pourtant joviale qui se dégage de cet album. Mais il faut attendre le dernier titre "Dead" pour qu’enfin le lion sorte complètement ses griffes. Tapageuse, inspirée et fonceuse, cette plage remet les pendules à l’heure de gloire du Hard Rock californien. Autre pièce de choix figurant en bonne place sur l’étalage, "Recovery" se fonde également à merveille dans cet état d’esprit purement Rock’N’Roll. Dommage toutefois que "Our World" et "Bliss", sans être foncièrement mauvais, viennent faire retomber une tension qui démontre ce que Buckcherry peut déclencher lorsqu’il ne se soucis pas d’une certaine forme d’esthétisme propre au calibrage radiophonique.
Sans être décevant, "All Night Long" s’affiche comme un retour en clair-obscur pour un groupe dont les intentions louables ne manquent pas mais qui se retrouve bel et bien le cul entre deux chaises. D’un côté, la force flatteuse permettant de remettre à flot son compte en banque et de l’autre, une farouche volonté de démontrer qu’on en a encore dans le ventre. Malgré cet aspect un peu ambiguë, propre à beaucoup de groupes issus de cet état américain, cette nouvelle production titille quand même agréablement les tympans. Buckcherry se fend donc d’un bon album de Hard Rock U.S. dans la grande tradition du genre, ni plus ni moins.
P.S. : La version européenne contient un CD de sept titres proposant une relecture acoustique des titres marquants de la discographie de Buckcherry. Le format unplugged, très en vogue dans les années quatre vingt dix, donne une autre dimension aux morceaux, privilégiant bien sûr l'aspect naturel donc émotionnel de chaque note. Buckcherry joue admirablement bien le jeu dans cet univers feutré et captivant.