Un an après la parution du premier de la série des "quiet ones" avec le très doux Fireships, Peter Hammill sort The Noise, le premier des "loud ones". Rappelons le concept : l’année précédente, Hammill a l’idée quelque peu loufoque de sortir des albums sur lesquels ne figureraient que des chansons très calmes (les "quiet") ou au contraire, que des titres très puissants (les "loud"). Si à première vue, l’idée peut paraître amusante, à l’usage il s’avère qu’elle risque d’engendrer une certaine monotonie, écueil difficilement évité par Fireships de par la grande qualité de ses compositions.
Qu’en est-il donc de The Noise ? Premier constat : la pochette est horrible. Le titre est écrit grassement en rose, sur lequel se superpose un vieux micro vert. Le line-up est, à peu de chose près, celui de feu le K Group : seul le vieux compagnon de toujours, le discret et efficace Guy Evans, est remplacé à la batterie par Manny Elias, qui a notamment officié avec Tears For Fears de 1982 à 1986. Quant au contenu, Peter Hammill le définit par trois mots : "Guitars, guitars, guitars".
Et c’est effectivement dans une avalanche de décibels (nous étions prévenus !) que ce disque va nous entraîner. Ce n’est pas la première incursion du côté obscur de son inspiration à laquelle Peter Hammill nous invite. Il y avait déjà eu Nadir, Sitting Targets ou encore Enter K. Les thèmes privilégiés de Peter Hammill sont la vieillesse, la mort, la séparation et la solitude. Ce n’est pas gai mais ces thèmes semblent tellement ancrés en lui qu’il chante avec une conviction naturelle permettant de transmettre ce flot de sombres émotions à celui qui l’écoute. C’est ce qui en fait un chanteur exceptionnel.
A contrario, quand Hammill aborde des thèmes moins intimes, quand il s’ouvre au monde, parle faits de société ou de politique, il use d’une voix grasseyante et caustique qui lui va mal. Il est fait pour chanter le désespoir et la solitude, pas la révolte et la colère. Et malheureusement, The Noise en fait la triste démonstration. Nous passerons rapidement sur les inintéressants A Kick To Kill The Kiss, The Noise, Celebrity Kissing, Where The Mouth Is, The Great European Department Store et Planet Coventry : des mélodies lourdes et peu inspirées, une voix grasse, et au final, un singulier manque d’énergie, pour ne retenir que les deux titres qui, à eux seuls, sauvent l’album et peuvent en justifier l’achat : Like A Shot, The Entertainer et Primo On The Parapet.
Like A Shot, The Entertainer est de loin le titre le plus intéressant de cet album. Le phrasé particulier utilisé par Peter Hammill, l'espèce de désinvolture dans le ton, en font une vraie réussite. Primo On The Parapet (l'histoire d'un rescapé d'Auschwitz) déroule une musique toute en méandres, angoissante, pesante, hantée par un chant parfois ténu comme un souffle, puis s'élançant brutalement en une psalmodie déchirante. Un bon titre même si les dernières minutes, qui délivrent en boucles leur message ("Let's learn not to forget"), sont un peu moins réussies.
L'accueil réservé par la critique fut plus que mitigé. Cela influença-t-il Peter Hammill ou bien réalisa-t-il par lui-même que, finalement, il n'était pas fait pour ce style de musique ? Toujours est-il que The Noise restera le premier et le dernier des "loud ones" à ce jour. Et, franchement, c'est une très bonne chose.