En matière de folk rock métal à tendances médiévales et païennes, l’Allemagne a toujours été un vivier important de groupes. Et les sept membres de Nachtgeschrei poursuivent cette tradition dans la lignée des grands noms du genre que sont In Extremo ou Subway To Sally. Fondé en 2006, la formation propose avec « Ardeo » son troisième album, gardant un rythme soutenu, « Am Rande Der Welt » datant d’à peine plus d’un an. Il continue ainsi de surfer sur un genre qui a le vent en poupe, non seulement en Allemagne mais aussi un peu partout en Europe.
Ce troisième album est ainsi inscrit complètement dans la tradition du genre avec paroles en allemands, présence d’instruments acoustiques, médiévaux et ambiances variant entre folk et rock. De plus le chant est assez grave et roque pas loin dans l’esprit de ce que propose Die Apokalyptischen Reiter. Le résultat donne donc un disque qui plaira forcément aux amateurs du genre tant il en suit les canons à la lettre. Par contre il ne faut rien en attendre niveau originalité et créativité tant Nachtgeschrei a tout d’un bon clone appliqué.
De cet ensemble de onze titres très homogène, quelques uns en ressortent quand même, particulièrement ceux avec un bel équilibre entre rock et folk. Ainsi « An Mein Ende » et « Kein Reiner Ort » sont deux très belles chansons avec présence de flute, de cornemuse et d’accordéon qui se marient très bien aux guitares électriques et acoustiques. Il est alors dommage que l’ensemble devienne petit à petit répétitif, les rythmes et atmosphères se ressemblant pas mal et donnant l’impression d’avoir fait le tour du disque à peine arrivé à sa moitié. Il est heureux que l’instrumental en grande partie acoustique « Ad Astra » relance la machine de belle manière avec un ton très doux et une belle montée en puissance qui fait voyager l’auditeur irrésistiblement. Et de fait il sert de parfaite introduction à « Ardeo », sans nulle doute le meilleur titre de l’album avec ses très beaux airs de ballade folk qui sonne comme un bel hommage à la nature et aux anciennes mythologies païennes.
Après ce pic on retrouve un ton proche du début avec toujours des morceaux, certes bien faits, oscillant entre folk, métal et médiéval mais qui manquent souvent d’âme et de personnalité. Au final il n’y a guère que « Soweit Wie Noetig » et « Lichtschimmer » qui tirent leur épingle du jeu grâce à une belle ambiance sombre et surtout à un Holger "Hotti" Franz parfait au chant. Sa voix douce et mélancolique est en effet parfaite pour le genre et il arrive bien souvent à sauver des chansons trop formatées.
Le bilan de ce « Ardeo » est donc mitigé. Nachtgeschrei connait bien son affaire et s’exécute à merveille mais le tout ne sort que rarement de la masse du genre. Malgré tout on sent un potentiel qui ne demande qu’a s’exprimer. Avec un peu de volonté, le groupe a les moyens de se créer une personnalité propre.