Hubi Meisel. Voilà un nom qui n’interpellera pas outre mesure l’amateur de progressif qui ne saura pas quel rôle ce personnage a déjà bien pu jouer dans son genre préféré. Pourtant les connaisseurs de l’album « Very » de Dreamscape sauront immédiatement reconnaître la voix assez particulière du chanteur de cette époque.
Désirant voler de ses propres ailes, Hubi Meisel a donc quitté Dreamscape en 1999 pour se lancer dans une carrière solo. Même si son premier album, CUT, est passé relativement inaperçu, il remet le couvert cette année avec un nouveau projet « Emocean », basé sur la légende d’Atlantis. Pour les compositions, il s’est fait aider par le claviériste français Vivien Lalu et s’est entouré de diverses figures progressives telles Marcel Coenen (Sun Caged) ou Daniel Flores (Mind’s Eye) pour jouer sa musique.
Tout naturellement, le chant est fortement mis en avant dans cet Emocean, résolument dirigé vers un métal progressif symphonique privilégiant la mélodie à la technique. La voix d’Hubi est un élément majeur qui va ou non vous pousser à vous procurer cet album. Son coté lyrique associé à un registre continuellement situé dans les aiguës peut être un facteur dérangeant.
Si le chant n’est pas un problème, il vous faudra surmonter la première écoute qui, si elle n’est pas attentive, vous amènera à vous demander ce que cet album va bien pouvoir vous apporter. Musicalement, « Emocean » n’est pas d’une originalité à toute épreuve et quelques écoutes supplémentaires finiront par vous en convaincre. Les exercices de style que l’on retrouve ici ont déjà fait leur preuve dans bon nombre d’albums du même genre, les breaks tout comme les solos sont assez prévisibles et les phrasés, qu’ils soient joués à la guitare ou aux claviers, répétitifs.
Pourtant un certain feeling dans le travail d’écriture permet d’atténuer ces aspects négatifs. Les sonorités des claviers, dont le piano très présent, sont bien choisies et s’accordent fort bien au thème de l'océan tout comme les riffs sans lourdeur excessive, habilement entrecoupés de parties atmosphériques, alimentées par des nappes synthétiques spatiales et des sons divers tels des cris de mouettes ou des bruits de ressac. A ceci s’ajoute une utilisation de la double pédale parcimonieuse évitant les stéréotypes du genre.
De premier abord hermétique, « Emocean » délivre de bonnes sensations et tout particulièrement en fin d’album. Un sentiment de plénitude se dégage de la plupart des compositions lentes, souvent proches de la ballade. L’album sait toutefois accélérer et insuffler suffisamment d’énergie pour éviter de tomber dans l’ennui.
« Emocean » est donc un album sympathique et bien dosé mais certains points que je dirais bloquants m’incitent à dire que l’écoute de l’extrait musical est fortement recommandé pour décider de son achat.