Michael Bormann ? Si vous êtes amateurs de hard mélo, vous connaissez certainement ! En tout cas les noms de Bonfire, Charade, Zeno, Axe, Rain, High Voltage ou encore Bloodbound ne doivent pas vous être inconnus. Il a collaboré avec eux comme chanteur ou compositeur. Mais c’est surtout comme frontman de Jaded Heart qu’il s’est fait connaître, les quittant en 2004 alors que le succès pointait son nez. Bormann a depuis, outre ses nombreuses collaborations, pondu quelques albums solo, et voici donc le quatrième, intitulé "Different". Alors deux choses ! Premièrement, pour du solo, c’est du solide solo ! Le gars a tout composé, mais joue aussi de tous les instruments, et avec un talent certain. Bien sûr, il s’est entouré de quelques potes, comme le claviériste Chris Ivo de Jaded Heart, ou Lanvall de Edenbridge, qui avaient déjà collaboré au méfait précédent.
La deuxième chose, c'est qu'en intitulant son album "Different", Bormann ne peut éviter la question piège: "Different", oui mais de quoi ? Ses précédentes productions solo étaient bien agréables, naviguant entre Hard FM et AOR de bon aloi, mais sans jamais casser 3 pattes à un canard, autant le dire tout de suite. Alors, sans connaître par cœur la disco de ce beau chevelu, il est vraiment difficile de répondre à cette question. Un peu moins rock que le précédent (si c’est possible), un peu plus varié, sans doute, mais pas de quoi en faire le thème de l’album, même si Bormann y touche un peu tous les styles de l’AOR. Des ballades mid-tempo ("Wouldn’t Let You Down", "No way Out – It Hurts"), du slow ("Think Twice"), beaucoup trop de slow ("Don’t You Tell Me", "Was Mir Fehlt"), du dance-rock ("Life Is A Miracle"), enfin , du très bon hard FM ("Breathless", "Who Really Wants To Get Older"), du Bryan Adams ("Somebody"), et parfois des intonations d'un Bon Jovi sage. Bref, vraiment très différent !
Il faut pourtant reconnaître que le gars a une voix imparable, entre les Bryan Adams et Bon Jovi déjà cités, c’est de la belle rocaille. Par contre, les mots qu'elle produit sont d’une naïveté consternante (la palme à "Who Really Wants To Get Older"), même si le sourire peut poindre à entendre le remake de "Friday On My Mind" intitulé "My Favourite Time".
Alors l’appréciation de cette production doit sans doute se faire seulement au vu de la qualité des compos. Et là, il faut bien avouer que Michael Bormann assure, quelque soit le style. Dans leur genre, et sans originalité aucune, il y a quelques titres à fourrer dans vos playlist sans tarder. Des exemples ? Commençons par "Think Twice", superbe slow, guitare acoustique et claviers bien dosés, "Wouldn’t Let You Down", intro acoustique et puis le rythme s’élève avec une caisse qui bat comme un beau coeur épris, un riff électrique juste grassouillet comme il faut à la clé, c’est imparable. Dans le genre hard FM pêchu, "Breathless" est au niveau des meilleurs morceaux du W.E.T. sorti fin 2009. D’autres chansons de ce calibre auraient d'ailleurs été appréciées pour faire passer Bormann en première division, ce qui n’est pas encore le cas.
Vous tenez donc là entre les oreilles un album plutôt soft, sans doute un peu calibré pour les amatrices de rockers permanentés, mais qui, passé ces préjugés, se révèlera idéal pour vos longs trajets sur routes 66. Allez, encore un petit coup de "Breathless" !