Woe est né en 2007 dans l'esprit de Chris Grigg qui, à l'instar d'un Imperial de Krieg, est un multi-instrumentiste et un acharné du travail de la scène black métal américaine. Quietly, Undramatically est le deuxième album de Woe, sauf qu'à la différence du premier opus, A Spell For A Death Of Man paru en 2008, ce nouvel opus est le fruit d'un véritable groupe. En effet, cette fois-ci Chris Grigg s'est attaché les services de Shane et Evan Madden du groupe The Green Evening Requiem, dont il fait dorénavant lui-même partie.
Quietly, Undramatically propose un black métal le plus souvent urgent, dans lequel on peut distinguer deux sortes de black métal. Ces black métal, sans être forcément très opposés, ne sont pas d'égales qualités. Il y a d'abord un black métal aux mélodies empruntées dans un ailleurs musical et qui constitue essentiellement la première partie de l'album. C'est sans doute la partie la plus intéressante de cet opus avec une triplette de titres très accrocheuse. Il y a d'abord "No Solitude" à la mélodie entêtante et au chant d'arrière-plan franchement réussi. Puis, il y a l'impeccable et très accrocheur "Road From Recovery", suivi du titre éponyme. Cette composition possède les mêmes qualités que son prédécesseur avec cette fois-ci un riff heavy. Et surtout survient, dans sa deuxième moitié, sa partie de chant clair du plus bel effet, mais qui risque de donner de l'urticaire aux puristes du genre.
Ensuite l'album s'égrène en compositions de black métal plus canoniques et donc moins saisissantes. Et puis, il y a surtout du bon ("A Treatise On Control", "Without Logic") et du franchement moyen. Les deux titres finaux ne sont pas vraiment enthousiasmants et n'incitent pas vraiment à s'en remettre une louche auditive. "Full Circle" avec ses douze minutes au compteur s'avère particulièrement long et constitue une faute de goût. Quant à "Hatred Is Our Heart", ce titre est d'une évidente banalité et dénote avec la forte impression du début de l'album.
Au final, cet opus de Woe, malgré ses dernières faiblesses, n'en constitue pas moins un témoignage indubitable et intéressant de la vitalité du black métal américain. Ce black métal, que certains ont voulu trop vite enterrer et qualifier de peu d'intérêt, n'est pas mort. Et les derniers albums de Krieg, Nachmystium ou même d'un Sothis, sont là pour nous rappeler l'existence et la vitalité tangible de la scène black américaine. Et ce Quietly, Undramatically est un témoignage de plus que le black métal made in USA peut-être tout aussi intéressant que celui du vieux continent. Et quelque chose me dit qu'on n'a pas fini d'entendre parler de Chris Grigg.