Ils y sont presque parvenus. Après huit années d’absence et deux albums magnifiques dont un cultissime « Sahara », Orphaned Land revient sur le devant de la scène avec son nouvel opus « Mabool » et propose un album (encore une fois) magnifique.
Mabool est grandiose, long et très riche. Plusieurs pistes dépassent aisément les 7 minutes et comportent beaucoup d’éléments très variés. Il y a des choeurs, un chant féminin, des passages de musique classique et du folklore oriental.
Mabool est un véritable pavé de sophistication musicale et de métal dans tous ses états. Si la formation est connue pour son mélange Métal/folk oriental, il ne faut pas omettre la richesse « purement métal » de leur musique. On passe du black, au trash en passant par le métal progressif et gothique. Le groupe ne lésine pas sur les moyens, des instruments traditionnels, une chorale, un chant en plusieurs langues, tout est permis pour créer la musique la plus originale possible.
Cette très large palette musicale permet une énorme variété dans les émotions. On tient là la clef de Mabool : les émotions. On passe d’un sentiment d’angoisse à une légèreté époustouflante sans même avoir le temps de s’en rendre compte.
Les influences du groupe sont très bien digérées, et il est difficile de penser à un groupe bien précis. Les arrangements extrèmement travaillés et précis sont également un des points forts de ce disque, et lui donnent un côté très abouti.
On commence très très fort avec le percutant « Birth Of The Three », un riff arabisant installe une ambiance mystique et les choeurs nous plongent immédiatement dans l’univers spirituel d’Orphaned Land. Le riff de Ocean Land est très typé métal « prog » et les voix claires sur ce titre finissent (déjà) de convaincre les plus rétissants : on est en présence d’un talent extraordinaire.
Les pistes s’enchainent et les ambiances aussi. Death mélodique, Black, folk métal progressif, tous les styles sont au service d’une oeuvre mystique tout à fait unique. Ce qui impressionne est cette capacité extraordinaire à créer des mélodies apparemment très complexes mais toujours mémorisables.
Ce disque est un très bon album. Magnifique, mais pas parfait. Pas parfait car même si Mabool est éblouissant tant le talent des musiciens est flagrant et leur inspiration hors du commun, il souffre du syndrôme « too much ». Arrivé à la septième piste, une fâcheuse idée vient perturber l’auditeur conquis. On a l’impression que certaines parties sont « forcées » et ne sonnent pas de manière naturelle. Les pistes semblent parfois rallongées et les passages exotiques un peu trop mis en avant. Ce ne sont malheureusement pas les presque caricaturaux « Norra El Norra » et « Mabool », qui vont arranger les choses.
Enfin, pour permettre aux fans les plus adorateurs de me fusiller, on peut même ajouter que le mélange Folk Oriental/Métal semble parfois être une « adaptation » métal du folklore, ce qui rend le mysticisme d’un groupe comme Meleshech (même si le registre est un peu plus violent) plus naturel et moins forcé.
Ceci dit, il faut savoir relativiser, Mabool est largement au-dessus de toute la production métal actuelle et il s’écoute (presque) en entier avec un plaisir certain. Orphaned Land a presque réussi à sortir l’album parfait. Après trois albums de cette trempe, le prochain sera peut-être le bon.