2010 restera une année faste et charnière dans la carrière de The Ocean. En effet, après la sortie du mitigé "Heliocentric", le collectif allemand revient clôturer un concept ouvert six mois plus tôt avec la ferme intention de rallier tous les suffrages.
Dès l’entame éponyme, The Ocean pose les jalons d’une musique à l’ambiance oppressante comme une plongée en apnée dans les tréfonds abyssaux des sentiments les plus sombres. Un lourd travail de sape entrecoupé de lignes aériennes enchanteresses mais toujours mélancoliques parfaitement exécutées avec un magnifique chant clair poignant oscillant entre Jeff Buckley et Steven Tyler. Le résultat est d’autant plus immédiat que ces refrains envoûtants sont en total opposition avec l’impitoyable rythmique oppressante omniprésente. Cette démarche d’une densité et d’une richesse rare se décline sur le même mode dès le titre suivant "The Grand Inquisitor I : Karamazov Baseness" où la noirceur des riffs post-core s’écrase violemment sur la beauté des refrains poignants. L’énumération pourrait se poursuivre avec "She Was the Universe" toujours construit sur ce même schéma hypnotique.
Mais "Anthropocentric" ne se résume pas en un simple opus étouffant de post-core allié à la beauté de refrains enchanteurs. C’est ainsi que les Allemands nous proposent des interludes atmosphériques au premier rang desquels nous trouvons "For He That Wavereth…" dans lequel Loïc Rossetti témoigne de son chant clair cristallin loin, loin, très loin des standards du genre qui semblent bien pauvres en comparaison. Dans le même esprit, s’intercalent la petite mélopée épurée de "The Grand Inquisition III : A Tiny Grain Of Faith" sur laquelle se pose un chant féminin, ou encore l’instrumental "Wille Zum Untergang". Dans ces conditions, plus dur sera le réveil en sursaut, The Ocean poursuit inlassablement son travail de sape tel un compresseur qui broie impitoyablement toute once de gaieté qui aura malgré tout le dernier mot avec pour apothéose, le poignant "The Almightiness Contradiction".
Avant de clore cette énumération presque exhaustive (tant tous les titres ont droit de cité), nous ne pouvons pas passer sous silence le terriblement accrocheur "Heaven TV" avec son refrain évoquant clairement le chant de Guillaume Bideau dans One Way Mirror.
Au final, "Anthropocentric" marque un grand retour aux fondamentaux particulièrement jouissifs et vraisemblablement fédérateurs au point de poser définitivement The Ocean en grand ponte de la scène post-core ambient aux côtés des Isis, Neurosis ou Cult Of Luna…