Dans la veine de Bad Tripes et de Bawdy Festival, voici venir Tenebrarum Infanteus. Derrière ce nom très typé, on ne trouve pas un énième groupe de Black Métal mais une formation française assez atypique qui donne majoritairement dans une musique grandement inspirée de tonalités gothiques, électroniques et industrielles. Au-delà d’un chant en français, majoritairement féminin mais néanmoins fort rugueux, le groupe repose sur des sonorités très électroniques et des rythmiques très appuyées. Autant le son des claviers est dynamique et clair, bien que parfois un peu daté (mais cela contribue au charme de l’ensemble), autant celui des guitares manque de clarté et d’agressivité.
Malgré cela, un titre comme "A Dix Ans", et son côté New Waves des années 80, se révèle très attachant de par l’utilisation d’une foultitude de petites mélodies aussi simples qu’efficaces. Avec "Ma Scène Préférée", aux paroles inquiétantes, nous sommes toujours transportés par un clavier omniprésent qui multiplie les ambiances pour nous faire passer d’une New Beat à la Confetti’s à des sonorités aussi modernes que torturées : un grand écart musical pour le moins surprenant, mais qui débouche sur un résultat étrange mais globalement très intéressant.
Intéressant, un adjectif qui peut également s’appliquer aux vocaux, principalement féminins. Sans être transcendants, ceux-ci contribuent souvent à la création d’un climat oppressant et inquiétant. Pour autant, un certain manque de clarté dans l’élocution et un mixage assez en retrait tempèrent grandement le rendu final dans ce domaine. Et si l'on se doit de reconnaître des qualités réelles aux deux chanteurs, on reste toutefois un peu sur notre faim. Indéniablement, ce sont les parties de claviers et de programmation de xIS.Tix qui se taillent la part du lion et qui constituent la véritable épine dorsale du groupe.
Malheureusement, aussi varié soit le style de celui-ci, il ne parvient pas à masquer certaines carences de Tenebrarum Infanteus, à commencer par un style de composition un peu trop homogène qui rend l’écoute des 12 titres un peu fastidieuse sur la longueur, mais également un manque de présence des autres instruments limitant fortement la palette d’ambiances. Ainsi un titre comme "Un Arc-En-Ciel De Douleur" se révèle être d’une platitude redoutable. Au-delà du fait que ce morceau soit assez pauvre en termes de composition, il est au surplus desservi par une interprétation lourdingue manquant cruellement de finesse.
Aussi, malgré de très bons moments, une identité propre assez forte et un résultat globalement intéressant, on ne peut que regretter amèrement l’absence de guitares puissantes à même de constituer un réel contrepoids aux claviers. Non pas pour atténuer ceux-ci, mais pour permettre de valoriser chacune de leurs interventions. A suivre donc…