Un groupe américain qui déboule en 2010 avec sa première galette de power/heavy, c'est devenu assez... commun. En effet, le pays est le théâtre depuis les années 2000 d'un renouveau métallique, dont les fers de lance (Korn, Slipknot, Avenged Sevenfold, System Of A Down) s'inspirent de rares groupes des années 90 pour tourner la page de cette décennie assez pauvre en matière de heavy. Du coup, pléthore de groupes s'engouffrent dans la faille créée par le succès commercial et artistique des patrons.
Mais l'histoire de Fallen Angel remonte plus loin et mérite un deuxième paragraphe d'introduction avant d'aborder le vif du sujet. En effet, le groupe a été formé en 1983 par des adolescents friands de métal et d'univers fantastique. Un split un peu obscur est intervenu, mais c'est surtout la dimension de l'entreprise qui justifie un délai digne de la plus chinoise des démocraties. En effet, Fallen Angel vise le concept album en forme de triptyque, chacune des parties étant constituée d'un album (évidemment), mais aussi d'un roman et d'un comic-book. C'est donc une véritable épopée que le groupe se propose d'offrir à ses fans.
Malheureusement, l'épopée risque d'être fatigante. Premier problème, le disque est long. Trop long ! Vingt titres et 72 minutes de heavy métal à fond la caisse, c'est un pari risqué. Le seul moyen de tenir l'auditeur sur une telle durée est de proposer un contenu d'une qualité irréprochable ou au moins d'aérer le disque. Ici, point d'aération : même les rares mid-tempo souffrent d'arrangements et d'orchestrations pesants (le problème des arrangement se retrouve sur tout l'album, avec des superpositions à outrance). Les quelques interludes pour placer l'auditeur dans une ambiance cinématographique sont peu pertinents musicalement et ne font qu'irriter un peu plus.
Niveau qualité, ce n'est pas gagné non plus. Les rythmiques thrash font particulièrement mauvais ménage avec l'emphase du heavy et la puissance du son. Par ce mélange - qu'il est rare de réussir - le disque s'englue dans une lourdeur particulièrement éprouvante, notamment à cause d'une section rythmique d'une platitude désolante. Ajoutons à cela un chanteur certes puissant, mais ridiculement crispant dans les aigus et apparemment incapable d'apporter la moindre nuance lorsque le ton s'allège. Il ne reste ainsi plus que la guitare pour espérer rattraper le tout : perdu. Massif et impersonnel dans les rythmiques, crispant et impersonnel dans les lead, le jeu de la paire de guitaristes ne parviendra à relever le niveau que l'espace d'un morceau ('Leave It All Behind') et d'un ou deux soli. C'est léger !
Bien entendu, il est difficile de se prononcer sur la profondeur du concept (et donc l'intérêt potentiel des autres médias), dans la mesure où nous n'avons pas reçu le livre associé au disque. Le tout semble assez confus : un homme découvre à l'occasion d'une near-death experience que les morts sont toujours là, entre eux, et qu'eux aussi ils ont leurs problèmes. Quand bien même le livre ou la BD seraient des références dans leurs domaines réciproques, cela ne serait pas suffisant pour rendre supportable la version audio de "Crawling Out Of Hell".