Wolfmother a eu son petit succès avec cette première sortie éponyme. Album du mois dans de nombreux magazines, le groupe a réussi à faire parler de lui un temps. Depuis, les changements de line-up et le caractère inoffensif d'un second album qui s'est par ailleurs beaucoup trop fait attendre ont eu raison de l'engouement de la presse: Wolfmother rejoint le grand bac à sable des stars d'un album qu'on regarde du coin de l'œil en attendant une nouvelle fulgurance.
En attendant, le premier album n'a pas pris une ride. Le groupe œuvre dans un Hard Rock ouvertement nostalgique. On pense à Led Zeppelin pour la voix blues et déchirante, à Black Sabbath pour le coté lourd et le groove des riffs, mais surtout à Thin Lizzy pour le coté punchy et le songwriting. L'album s'aventure parfois sur les traces d'un punk énergique et clair, juste par petites touches, et également pour l'utilisation énergique de claviers typés 70' (orgue à la Deep Purple ou Uriah Heep) et un effort constant est fait sur les lignes de chant et sur la pertinence des éléments de la chanson qui ne sont pas là pour justifier un standard de construction (il n'y a par exemple pas ou peu de soli).
Un autre élément jouissif vient de la construction de l'album. En gardant une certaine alternance pour ne jamais noyer l'auditeur dans un déluge de riff ou l'endormir en enchaînant les ballades, l'album part du Hard Rock classique pour évoluer vers d'autres genres au fur et à mesure du voyage sans que cela ne semble déplacé. Les variations se font parfois sur les tempos ('Dimension'), avec des accalmies acoustiques ('Where Eagles Have Been') ou des débauches de riffs ('Joker & The Thief'). Sur 'Tales', un début hypnotique et lent débouche sur une guitare sous acide qui donne un électrochoc à la chanson. L'auditeur arrive sur la dernière piste sur un morceau folk et sautillant, absolument délicieux, dans la lignée de ce que pouvait servir Led Zeppelin (sur le III, donc) qui dégénère à coup de guitares noisy pour finir dans un chaos contrôlé à la Neil Young.
Sur les treize titres que contient ce "Wolfmother", aucun n'est dispensable ni ne s'étire au delà du nécessaire, tout en gardant une richesse qui rappelle beaucoup l'approche de Thin Lizzy. Alors album du mois, de l'année, ou du siècle, le premier Wolfmother reste surtout un disque inusable, une bulle de fraîcheur dans le monde aseptisé du Hard Rock actuel.