Et si le renouveau du rock psychédélique qui a sévi dans sa plus large expression dans les années 70 venait des Américains de Earl Greyhound ? Du moins une certaine idée de celui-ci, imprégné d’influences de cette belle époque tel Led Zeppelin ou de descendants issus du mouvement à l’instar de Kula Shaker ou Lenny Kravitz. Depuis 2003, le trio formé du côté de Brooklyn fait donc revivre cette période semble t-il bénite à leurs yeux jusqu’à sortir leur deuxième opus qui apparaîtra sûrement comme une aubaine pour les autres.
Il faut dire que ce noble lévrier fait les choses bien ou du moins avec application. Un vrai document d’époque entre pochette aux airs légèrement surannés, accoutrements typiques des seventies et surtout cette musique pigmentée avec goût par l’aura blanche Peace and Love. La production de Dave Schiffman (Mars Volta, Red Hot Chili Peppers, Audioslave) empêche pourtant la confusion grâce à un son lourd et moderne, mais aussi par cette pointe granuleuse de grunge totalement assumée (comme Soundgarden), toute basse ronde et charnue devant, sur les plages les plus enlevées et accentué par l’arrivée d’un nouveau marteleur de fûts du nom de Ricc Sheridan.
Entre titres épiques malgré des formats courts aux soli de Matt Whyte fiévreux et débridés (« Oye Vaya », « Shotgun »,…) rappelant à coup sûr le groupe au dirigeable, et raffinements plus veloutés des plus réussis (« The Eyes of Cassandra (Part 1) », le splendide « Bill Evans » forcément appuyé d’un piano langoureux), les New Yorkais décortiquent les codes d’un genre qui pourrait connaître grâce à eux de nouvelles heures de gloire. Le grain des guitares et les effets parcimonieux de claviers attisent à leur tour le regain d’ambiances où régnait en maître le psychédélisme. Au micro enfin, la mixité préside avec les chants alternés de Kamara et de Matt, cohabitation qui parfois semble s’effacer devant l’étrange ressemblance de leurs deux timbres sobrement éraillés.
Inutile donc de souffler sur l’objet, nulle poussière n’en partira. D’une part parce que « Suspicious Package » est bel et bien d’une toute première jeunesse, et d’autre part parce qu’il risque de passer assez souvent sur la platine. Une excellente surprise qui exhale avec bonheur certains parfums d’antan.