Avec son cinquième album, A Rare Moment Of Insight, Brother Ape va-t-il confirmer l'intérêt qu'avait pu susciter son dernier disque, les trois précédents n'ayant guère convaincu les rédacteurs de MusicWaves ?
Le titre d'ouverture, Juggernaut Now, est en tout cas de bon augure. Le chant, bien qu’un peu métallique, est clair et agréable. L’écho donné à la voix ou les montées et descentes de claviers sont autant d’effets agréables. La basse est mixée assez en avant, donnant du relief au morceau. Mais très rapidement les riffs de guitares et de basse s’avèrent répétitifs, et le batteur survolté qui assène le même rythme d’un bout à l’autre, sans nuance et sans répit, finit par faire perdre tout plaisir à l'écoute de ce titre.
Malheureusement, le ton est donné et l'histoire va se répéter tout au long de l'album : Chrysalis est gâché par une batterie omniprésente et une basse monolithique, Ultramarathon porte bien son nom tant la débauche de guitares et de batterie sans véritable motif musical nous laisse essoufflés, guitares et batterie qui, sur Instinct, semblent ne pas se soucier de jouer la même partition que le chant et les claviers.
La plupart des titres ne propose que des compositions assez moyennes, une voix qui finit par porter sur les nerfs, une batterie qui noie tout sur son passage, des claviers bien discrets au profit des guitares. De temps en temps, les morceaux sont traversés de trop rares éclairs de génie, de passages de toute beauté, où un chant prenant et une mélodie superbe nous transportent l’espace de dix ou quinze secondes. Mais ces courts instants lumineux ne suffisent pas à sauver l'ensemble de la fatigue qui nous gagne.
Même les deux titres sur lesquels le batteur fou du Muppets Show n'officie pas, ne sont agréables que parce qu'ils permettent à l'auditeur de reposer ses oreilles meurtries. Seabound ressemble à un vieux titre de Simon & Garfunkel, mais malheureusement pas à un de leurs hits. Assez insipide sur les deux tiers, il ne suscite l'intérêt que par l’entrée de plages d’orgues et quelques notes aiguës de piano lors du final, le chant un peu évanescent se montrant enfin moderne et plaisant. Quant au titre qui clôt l'album, In A Rare Moment, il s'agit d'un court instrumental à la guitare acoustique, reposant mais pas transcendant.
Malgré quatre chroniqueurs différents pour leurs cinq albums, le constat est toujours le même : bien que disposant de certaines qualités indéniables, Brother Ape perd son auditoire par le manque d'intérêt de ses compositions et une tendance certaine à confondre bruit et musique. Dommage !