16ème album studio de nos inimitables Anglais de Magnum, 6ème depuis la reformation de 2002, "The Visitation" nous laisse à croire que le groupe est reparti pour vingt ans ! Car après un "Into the Valley Of The Moonking" bien sympathique et qui prouvait que le groupe avait encore des choses à dire mais avec cette légère sensation de déjà faire partie du passé, ce nouvel opus va vous surprendre ! "The Visitation" se veut une pièce de tout premier choix dans la discographie du groupe, un véritable tour de force, chaque titre possédant une ambiance unique et très travaillée, capable de faire passer le fan ultime au-delà du c’est bien mais c’était tout de même mieux avant !
Fini les up-tempos stériles pour faire dans le coup, les ballades creuses pour la forme. Ici, la musique du combo, au son très épais et chaleureux, possède une cohérence, une consistance presque palpable et qui relègue les quelques albums précédents au rang de gentil divertissement. "Black Skies" ouvre l’album avec un riff énorme, surprenant chez Magnum. Et même s’il déstabilise au premier abord, comme plusieurs titres ici, il nous entre en tête au fil des écoutes. Les mélodies sont toutes finement ciselées, du très purplien "Doors To Nowhere" qui raconte sur un refrain mémorable le bon vieux temps du Rock n’Roll, à "Wild Angels", mid-tempo délicieux au refrain sublime.
Piochant dans différentes époques musicales sans jamais perdre en verve et crédibilité, "The Visitation" explore le rock épique des 70’s dans un titre éponyme gavé de piano et violon (son refrain est bluffant), puis nous emmène dans les 80’s (Hard Rock Mélodique ultra léché) sur un "Spin Like A Wheel" aux allures de Hit. Afin de prouver qu’ils restent bien à leur place dans le paysage musical actuel, les Anglais balancent un "Midnight Kings" ultra moderne et dynamique, porté par une superbe guitare.
Côté musiciens, les grands gagnants de l’album sont, et en dehors d’un Catley toujours aussi classieux, Tony Clarkin et Harry James. La batterie innove sur des titres comme "Doors To Nowhere", "The Last Frontier", une vraie ballade poignante garnie de violons et de percus résonnantes, ou encore "Freedom Day", épique et dans lequel aucun son de caisse claire ne se fait entendre. Ce titre très particulier est l’un des meilleurs du lot. Côté guitare, Tony Clarkin, qui semble avoir retrouvé une classe et une assurance sans pareil, délivre des soli et des mélodies dont vous ne vous lasserez pas. Les claviers sont eux aussi à la fête, apportant une forte identité à certains titres comme le passage très Mozart sur "Freedom Day", ou le solo psyché de "The Visitation".
S’il y avait deux titres à laisser à la trappe afin de maintenir ce niveau exceptionnel, ce serait sans doute un "Mother Nature’s Final Dance" dynamique mais plus banal, et "Tonight’s The Night" plus convenu. Pourtant, et c’est un peu contradictoire, si ces derniers avaient figuré sur l’album précédent, ils auraient fait figure de moment fort (surtout le dernier, qui, s’il se termine honteusement en Fade Out sur son point d’orgue, possède un passage en canon à la Spock’s Beard de toute beauté) !
Cet album est ce qui pouvait arriver de mieux à Magnum en 2011. Ils ne sont pas juste encore là, ils nous mettent une sacré claque et peuvent avec ce titre tenir tête aux grandes productions actuelles.