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Après avoir apporté une conclusion spectaculaire à l'odyssée spatio-temporelle de son ménestrel fétiche, puis s'être offert une parenthèse très personnelle avec Guilt Machine, Arjen Lucassen est de retour. Enfin ! dirons certains ; déjà..., dirons les autres. Le bonhomme nous laisse dans l'expectative. Par la multiplication de ses projets, tous plus ou moins similaires sur le plan musical, n'aurait-il pas épuisé sa source principale d'inspiration ? La réponse est simple (oui et non), et nous arrive donc avec ce deuxième volet de Star One, projet "space metal" initié en 2001 avec l'album éponyme, qui, suivi d'un live, avait ravi les fans. Et ça tombe bien : cette séquelle leur est également destinée.
En effet, il sera d'emblée inutile de chercher une once de renouvellement ici. Lucassen et ses habituels camarades de jeu (entre autres, Russel Allen et Floor Jansen) déroulent sans sourciller, dans un exercice de style qui prêterait volontiers à une bonne sieste... si cette fine équipe n'avait pas un talent si insolent. Car il est tout aussi inutile de vouloir échapper au caractère singulièrement entraînant de ce métal cosmique que d'en attendre une quelconque surprise. Avec déjà 15 ans de carrière derrière lui, sans compter l'expérience des divers intervenants, Lucassen est assuré de réussir son coup. Au programme, comme sur le premier album, une série de morceaux inspirés de la science-fiction, du grand classique à l'obscure série pour initiés. A l'époque, Star Wars ou encore Stargate avaient fait sortir les geeks du bois, et Blakes 7 avait donné son nom au "groupe". Nous ne détaillerons pas les thèmes abordés sur ce deuxième opus, car l'intérêt est ailleurs, comme la vérité.
Cette pénible transition désormais derrière nous, attardons-nous un moment sur le cru 2010 des vignobles Lucassen. Neuf pistes pour une petite heure de musique, on reste dans les normes de l'auteur, mais c'est musicalement que celui-ci a tout de même tenté de surprendre l'auditeur. Plutôt que de se borner à composer une musique illustrative (à l'image de "Master Of Darkness" sur le premier album), il a sensiblement souhaité offrir une interprétation moins factuelle des œuvres dont il s'est inspiré. Exemple parlant avec le morceau-titre, "Victims Of The Modern Age", tiré du célèbre Orange Mécanique, qui sonne de manière étonnamment positive, compte-tenu du contexte. La surprise reste toutefois bien maigre. Et le disque tout entier suit le même schéma. Mais comme cela a été mentionné plus haut, les forces en présence ne sont pas à prendre à la légère.
Car Star One, et Lucassen en général, c'est avant tout un sens inné de la mélodie et un certain génie pour pondre des thèmes qui restent farouchement ancrés en vous, ces thèmes que l'on fredonne sans s'en apercevoir après une poignée d'écoutes, et qui reviennent instantanément en mémoire, même après des années. Il serait exagéré de dire que l'album entier peut y prétendre, mais comment ne pas saluer la qualité incontestable de pistes telles "Earth That Was", et son riff fédérateur en diable, ou encore "Cassandra Complex" ? On y sent pointer à chaque seconde la maîtrise de l'ami Arjen, qui laisse libre cours à son style "classique". Une certaine noirceur, relativement inhabituelle, est à relever de-ci, de là, mais c'est tout. Les prestations des vocalistes sont remarquables, comme d'habitude, mais sur le plan instrumental, Van Den Broek et Wehrkamp (soli de claviers et de guitare, respectivement) ne se font guère remarquer. Regrettable, étant donné leurs capacités... mais les œuvres de Lucassen n'ayant jamais brillé par leur complexité technique, disons que ce n'est pas vraiment grave.
Il est, vous l'aurez compris, assez difficile de juger de cette galette. D'un côté, les fans invétérés de Lucassen et les amateurs de métal prog mélodique seront aux anges ; de l'autre, même le plus intoxiqué des fans ne pourra pas faire abstraction d'une redondance palpable, qu'il s'agisse des structures des chansons ou de la production (ces éternels sons de synthé, virtuellement inchangés depuis 1995). Oh, bien sûr, qui refuserait un duo Allen/Jansen ? C'est toujours un régal à l'oreille... mais lorsque la composition sent le réchauffé, malgré toutes les qualités qu'on lui trouve, force est d'admettre que l'on ferait mieux d'appuyer sur Stop et de passer à autre chose.
Le choix reste donc vôtre, amis lecteurs. Point de conseil péremptoire cette fois-ci ! Victims Of The Modern Age et son habituelle édition collector ne déparera pas votre collec Lucassen ; et pour un novice, l'album a tout ce qu'il faut pour permettre de pénétrer dans cet univers, celui du hollandais volant dans l'espace. Invités prestigieux, production nickel-chrome, packaging à se damner... Et pourtant, ni assez novateur pour susciter un véritable intérêt chez le proggeux de passage, ni assez ambitieux dans sa narration pour satisfaire pleinement les Ayreonautes avertis ! Lucassen a décidé de faire un album 100% fan-service, mais qu'adviendra-t-il de lui si les fans commencent à se lasser ? C'est la question qu'il devrait se poser avant de remettre le couvert, car à trop tirer sur les mêmes ficelles, il court un vrai risque sur le plan artistique. Espérons qu'il redonne plutôt sa chance au projet Guilt Machine, tellement plus abouti...
Plus d'information sur
http://www.ayreon.com
LISTE DES PISTES:
01. Down The Rabbit Hole - 01:20 02. Digital Rain - 06:23 03. Earth That Was - 06:08 04. Victim Of The Modern Age - 06:27 05. Human See, Human Do - 05:14 06. 24 Hours - 07:20 07. Cassandra Complex - 05:24 08. It's Alive, She's Alive, We're Alive - 05:07 09. It All Ends Here - 09:46
FORMATION:
Arjen Anthony Lucassen: Guitares / Claviers Damian Wilson: Chant Dan Swano: Chant Ed Warby: Batterie Floor Jansen: Chant Gary Wehrkamp: Guitares Joest Van Den Broek: Claviers Peter Vink: Basse Russell Allen: Chant
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