Trois ans après une première autoproduction remarquée, Skin And Bones, les quatre joyeux drilles de The Bonesmen font à nouveau parler d'eux avec une deuxième réalisation. Deuce, c'est son nom, est dans l'exacte continuité du premier album – et globalement dans l'exacte continuité de la tradition américaine. On a en effet maille à partir ici avec un blues rock aux relents sudistes qui n'a aucune prétention, et certainement pas celle de réinventer la roue... mais plutôt de l'aider à tourner, encore et encore.
Hélas, celle-ci ne va pas tourner bien loin avec un effort aussi léger. Convenue, classique de chez classique, la musique proposée par The Bonesmen est un arrière-plan sonore idéal pour une scène de bar dans un téléfilm... Une écoute attentive ne révèle strictement rien de plus, dix titres résolument similaires dans leur construction, aux accroches prévisibles et aux mélodies à dix centimes qui, pour se montrer relativement entêtantes, n'en sont pas pour autant moins médiocres. On note ça et là quelques jolis efforts (le solo de "I Believe", brillant de simplicité et d'efficacité), mais à l'échelle d'un disque entier, c'est insuffisant. Pour finir, les maladresses vocales de Frank Thomas ont beau être excusables, car en adéquation avec le côté "terroir" de l'entreprise, elles demeurent parfois gênantes à l'écoute et commettent surtout un impair de taille, celui de ne transmettre aucune intensité, quelle qu'elle soit. A n'en pas douter, le contexte doit jouer énormément ici et voir le groupe se produire sur scène dans son environnement naturel est certainement source d'émotions bien différentes, mais en l'état, tout ceci est tellement formel que l'enthousiasme ne survient jamais.
Indécrottables férus du genre, Deuce est fait pour vous. Les fans de Lynyrd, The Black Crowes et consorts (voire AC/DC) y trouveront également leur compte – pour un temps, du moins... Aucun titre ne retenant notre attention (excepté "Slow Down", peut-être), on aura en effet rapidement envie de se repasser un 'vrai' classique, et d'oublier ce sous-produit. Absolument pas désagréable, mais tristement banal et inexpressif.