Si les Hollandais n’avaient pas été des plus inspirés en tentant d’allier leur Death Metal lourd comme un Panzer avec un chant féminin caverneux le temps de deux opus mitigés (Creative Killings et Savage Or Grace), ils l’ont par contre été beaucoup plus en découvrant que leur batteur, Aad Kloosterwaard, était capable de gueuler avec conviction et talent dans le micro. Résultat, après une courte séparation en 2003, le groupe se reforme deux ans plus tard, tout content d’avoir (enfin) su retrouver un feeling similaire à celui qui l’habitait à l’époque du référentiel Cross The Styx en 1992 ainsi qu’une régularité tout à fait respectable.
Neuvième méfait de Sinister, Legacy Of Ashes se présente donc comme un pur concentré de Death Metal qui fouaille les chairs, sans surprise mais bougrement efficace, ce qui n’étonnera personne, les Bataves n’ayant jamais été réputés ni pour leur finesse et encore moins pour leur originalité. Ceci étant, cet album, en partie grâce à la voix comme frottée avec du papier de verre de l’ancien batteur, pas si éloignée que cela de celle de Martin van Drunen, possède les couleurs grisâtres de son compatriote Asphyx ce qui le rend plutôt intéressant.
Certes, ça va à 100 à l’heure, ça fonce pied au plancher mais fort de tempi implacables, parfois reptiliens, comme sur le très bon "Legacy Of Ashes", plombé à souhait, le groupe sait maintenir l’intérêt tout du long malgré des plans éprouvés et des ficelles grosses comme des jambons.
S’il affectionne selon son habitude les agressions sanglantes et rapides (citons par exemple "Into The Blind World" ou le poétique "The Sins Of Sodomy"), Sinister sait aussi se montrer triomphal lorsqu’il serre le frein à main pour se lancer dans la perforation de cavités écrasantes, témoin "The Hornet’s Nest", véritable blockhaus pourvu d’une dernière partie aux teintes mortifères, ou "The Living Sacrifice" dont les premières minutes redoutables avancent tel un rouleau-compresseur avant de s’emballer et d’avaler les minutes avec brutalité et puissance.
Sinister n’invente rien mais les mecs maîtrisent leur Death Metal à la fois technique et old school sur le bout de leurs doigts poissés de sang et ont toujours la rage, l‘écume aux lèvres. De fait, alors que nous n’attendions plus grand-chose de leur part, si ce n’est un travail honorable, Legacy Of Ashes se révèle être une bonne surprise. C’est dans les vieux pots…