Deux ans après un premier album éponyme qui, sans révolutionner le genre, a tout de même attiré l’attention, en particulier grâce à son single "Stick It", Great White est de retour avec son nouvel opus intitulé "Shot In The Dark". Probablement conscients des limites de Gary Holland, Russell et Kendall l’ont remplacé par Audie Desbrow derrière les fûts, et le résultat est très bénéfique, celui-ci apportant un très bon groove, en particulier sur la reprise du "Gimme Some Lovin’" du Spencer Davis Group que Great White muscle méchamment par rapport à l’original datant tout de même de 1966.
Autre évolution notable, l’apparition de claviers, dont une partie est tenue par un certain Michael Lardie qui deviendra membre à part entière du groupe dès l’album suivant, mais ceci est une autre histoire. L’ajout de cet instrument permet d’étoffer le son du combo en apportant un côté FM à son Hard-Glam US, certes de qualité, mais manquant toujours d’une véritable personnalité. Par contre, et en contrepartie, il lui fait parfois perdre un peu de son intensité comme sur le titre éponyme, bon mid-tempo mais ayant un peu mal vieilli. Il marque d’ailleurs le début d’une seconde partie d’album très passe-partout, pas désagréable mais vite oubliée.
Dommage car les premiers titres laissent entrevoir de belles choses pour l’avenir. L’introductif "She Shakes Me" est énergique et accrocheur, alors que "What Do You Do ? " allie puissance et groove, mais le sommet de cet opus est sans aucun doute la reprise du "Face The Day" de The Angels que les Américains réussissent à s’approprier sans pour autant le dénaturer. Certains argueront qu’on ne se construit pas une carrière en faisant des reprises, aussi réussies soient-elles et ils n’auront pas tort, si ce n’est qu’il ne faut pas oublier que cet exercice est également un bon moyen de mettre à jour les qualités d’interprétation et de personnalisation d’un groupe.
Porté par la superbe voix de Jack Russell et les très bons riffs et soli de Mark Kendall, Great White semble bien pouvoir faire partie des plus grands s’il réussit à se détacher d’un style qui n’est visiblement pas celui qui lui correspond le mieux. En délaissant les territoires FM et Glam pour des contrées plus Rock et Bluesy, le combo US pourra enfin laisser s’épanouir un talent que l’on sent déjà bien présent. En attendant, "Shot In The Dark" est encore trop inégal et impersonnel pour permettre au Grand Blanc de passer en division supérieure.