A peine le temps de digérer son projet connexe – Proximal Distance – et voilà Jeff Hamel de retour avec un quatrième album de Majestic sous le bras, en à peine 3 années d'existence ! Arrival, le précédent opus, avait marqué une forte évolution du projet, passant du statut de multi-instrumentiste solitaire au service de compositions purement instrumentales, à celui de groupe en cours d'ébauche, avec l'arrivée marquante de Jessica Raschke au chant. La qualité de la musique proposée par Majestic en avait été alors fortement augmentée, en comparaison des deux premiers albums bien fades, pour ne pas dire insipides. Le projet Proximal Distance, à la tendance floydienne prononcée, avait permis de confirmer la formule que Jeff Hamel reproduit donc ici avec Ataraxia, ouvrant un peu plus la porte à d'autres musiciens, quand bien même notre homme reste le seul maître à bord en terme de composition.
Après une introduction servant… à introduire, place au premier morceau de bravoure de l'album, à savoir l'enchaînement Faceless / Wither, deux plages durant lesquelles toutes les facettes de Majestic vont exploser aux oreilles de l'auditeur. Des guitares métalliques pour commencer, immédiatement suivies d'un chorus de 6 cordes soutenues par des claviers néo en diable qui emplissent l'espace sonore, le tout servi par un son énorme et une technique très américaine : bienvenue dans le néo-progressif du 21è siècle, qui n'en oublie pas cependant les sonorités vintage sur lesquelles finit par se poser la voix de Jessica, limpide, forte, distillant à merveille les émotions.
L'inspiration de Jeff Hamel multiplie les thèmes et les ambiances, ne négligeant pas de-ci de-là un petit solo de guitare, et même si quelques longueurs parsèment le propos, notamment au milieu de l'album (Delusion ou encore Numb, ballade plutôt quelconque), il parvient très rapidement à susciter de nouveau l'intérêt de l'auditeur, par une montée en puissance progressive qui se termine façon… Genesis (Astral Voyager), ou encore par quelques instants Yessiens (Dance Of The Elders).
Il n'est pas précisé si Take My Breathe Away – 2010 fait référence à son illustre homonyme interprété par Berlin et servant de B.O. au film Top Gun (rhaaaaa, Kelly Mc Gillis, mon premier fantasme d'adolescent !!!). Ici, Majestic en fait une pièce langoureuse, vaporeuse, qui installe une ambiance propice à la rêverie, que l'on se prend à réécouter en boucle rien que pour l'atmosphère de bien-être qu'elle répand, introduisant ainsi le dernier tiers de l'album, tout en délicatesse malgré les quelques accords torturés d'Altered State, ponctué par le son qui s'évanouit doucement à la fin de Reflections.
Album contrasté, navigant du Hard-Rock à l'ambient en passant par du néo-progressif de top niveau, Ataraxia fait grimper Majestic très haut dans la hiérarchie du progressif américain. Malgré sa longueur, cet album se révèle, écoute après écoute, d'une qualité sans commune mesure avec les premières œuvres instrumentales du groupe. Nul doute qu'au vu de l'acharnement que Jeff Hamel met à nous produire des œuvres à intervalles resserrés, nous soyons encore loin d'avoir tout entendu de la part de l'artiste.