Activiste de la scène black métal américaine depuis 15 ans, Krieg, ou plus exactement Imperial qui l'incarne, est une figure incontournable de cette scène microcosmique. Stackhanoviste acharné, Imperial ne s'arrête jamais de composer et on ne compte même plus le nombre pléthorique de splits, d’EP’s et autres productions qu'a sorti Krieg. Pourtant ce The Isolationist est seulement le sixième album de ce groupe mono-cérébral. Enregistré à Chicago au Volume Studio, et produit par Sanford Parker (Nachtmystium, Pelican), pour ce nouvel album, Imperial s'est entouré de musiciens évoluant dans le même microcosme, où tout le monde côtoie tout le monde et dans lequel il n'est pas rare de retrouver le temps d'un ou plusieurs albums les mêmes musiciens.
Pour The Isolationist, Imperial s'est entouré de multi-instrumentistes de qualité et on retrouve cette fois-ci : Chris Griss (Mose Giganticus, Woe) à la batterie, le batteur Jeff Whitehead "Wrest" (Nachtmystium, Von Goat) à la basse et Joseph Van Fossen (Noctuary) à la guitare. Autant de musiciens aguerris et voués corps et âmes à la prolifération du black-métal américain. Et avec un tel line-up, pas la peine d'aller chercher minuit à deux heures, cet album nous assène un black-métal à la bile noire, envoûtant et dérangeant. Du black-métal comme on l'aime, accrocheur, fourmillant d'idées musicales, et à l'atmosphère lourde et poignante. Bref, un album qui ne se découvre pas en une vulgaire écoute.
D'entrée de jeu, on est plongé dans les affres de l'enfer avec un "No Future", qui n'a de punk que le titre, et un "Photographs From An Asylum" qui, comme son nom l'indique, est une bien belle visite chez les fous. Deux très bons titres assez classiques dans la forme et dans le fond, qui ne sont que le préambule à un voyage auditif black métallique riche en sonorités et parsemés de quelques petites surprises. Citons, par exemple, ce formidable titre "All Paths To God", à la fois désincarné et chatoyant. Il y aussi encore le terrible "Depakote" avec son introduction diabolique et surprenante. Imperial peut même se montrer quelque peu facétieux avec le final presque apocalyptique de "And The Stars Fell On", qui dans le cas improbable, mais toujours possible d'un endormissement malencontreux, risque de vous réveiller en sursaut.
Pas forcément facile d'accès, ce disque peut en rebuter certains par son côté quelque peu intimiste. Il ne s'adresse de fait qu'aux seuls amateurs éclairés de black-métal pur et dur. Malgré ses 55 minutes au compteur, on n'a pas le temps de s'ennuyer . Plutôt raw, pas minimaliste et un poil atmosphérique, The Isolasionist est l'union parfaite entre un black-métal d'école et un black-métal plus moderne sans être particulièrement révolutionnaire. En résumé, cet opus est une franche réussite de black-métal.