Sextet originaire des contrées nordiques de notre hexagone, plus exactement de Béthunes, il a choisi de s'appeler General Lee. General Lee comme cet acteur mécanique, omniprésent, rutilant et vrombissant de la série Shérif, fais moi peur. Cela aurait pu être K-2000, mais avouons que ce nom aurait fait un peu tâche, et surtout, n'aurait pas vraiment reflété l'esprit musical du groupe nordique. General Lee aurait également pu être une référence et un hommage plus ou moins conscient au plus grand général de l'armée des Etats Confédérés d'Amérique. Ce qui aurait tout aussi bien collé avec la musique proposée par ce Roads, deuxième opus des six membres de ce band hexagonal.
General Lee, c'est du post-rock, une sorte de post-hardcore (surtout pour le chant) mélancolique emplie d'une grande poésie musicale. Pour faire imagé, le groupe nordique nous présente une sorte de croisement musical entre un Isis apaisé et parfois, la rugosité instrumentale d'un Pelican. Roads, comme son nom l'indique, propose plusieurs directions mais qui convergent toutes parallèlement vers un même point imaginaire. Quelqu'un a qualifié leur musique de sludge atmosphérique, et cette étiquette colle assez bien aux intentions musicales de General Lee. Un voyage sonore quelque part dans les confins méridionaux d'une Amérique états-uniennes.
La musique de General Lee est très mid-tempo, et pas un seul titre énervé n'émaille ce disque aux belles mélodies oniriques. Le seul côté énervé de ces compositions est à chercher du côté du chant plutôt gueulard et typé metalcore d'Arnaud. Seul le titre le plus court, "Hunted", nous propose en intégralité un chant clair à la caressante douceur. Le côté sud états-uniens est alors mis encore en évidence, cette composition acoustique pouvant rappeler en mieux un Chris Isaak des bons jours. On peut regretter d'ailleurs que cet album n'est pas une ou deux compositions un peu fougueuse, histoire de donner un peu plus d'épaisseur à un opus fort cohérent.
Le post-hardcore atmosphériquement sludge de Roads est une invitation à un voyage musical vers un imaginaire aussi immense que l'est l'espace américain. Cet album pourrait être la bande originale d'un autre hypothétique Arizona Dream. Car, General Lee nous gratifie ici d'un bien bel album aux routes sonores qui ne demandent qu'à être tranquillement et sereinement sillonnées, assis derrière le volant d'une Dodge Charger, aussi chargée en couleur que ce Roads l'est en douces émotions musicales.