A la fois hésitant et inégal, "My Winter Storm" nous avait un peul laissé sur notre faim, même s’il semblait être un passage incontournable pour permettre à la diva finlandaise de trouver ses marques après son tumultueux divorce d’avec Nightwish. D’ailleurs, ses prestations scéniques confirmaient que Tarja était toujours une grande chanteuse, dotée d’un sacré charisme. La voici donc de retour avec un "What Lies Beneath" attendu au tournant.
Et pour ne pas manquer son retour discographique, elle a commencé par modifier le line-up l’entourant, en particulier une section rythmique parfois un peu légère. Pas de risque de retomber ici dans ces travers avec la présence de l’incontournable Mike Terrana (Rage, Masterplan, Axel Rudi Pell…) derrière les fûts, tandis que le petit frère Toni a rejoint Alex Scholpp aux guitares. Côté invités, Tarja n’a pas fait dans la demi-mesure puisque nous retrouvons à ses côtés les Allemands de Van Canto, le temps d’un "Anteroom Of Death" à la structure surprenante, à la fois expérimental et intéressant. Phil Labonte (All That Remains) vient apporté son chant et quelques growls sur un "Dark Star" à l’introduction arabisante et au riff agressif. "Falling Awake" se voit enrichi des interventions inspirées du maître Joe Satriani, alors que Will Calhoun (Living Colour) vient alourdir de sa frappe un "Crimson Deep" intense et profond.
Quelques inspirations gothiques sont perceptibles sur des titres plus mélancoliques comme le poétique mid-tempo "I Feel Immortal" ou la ballade aérienne et symphonique "Underneath", alors que Tarja n’oublie pas son passage dans Nightwish à l’occasion d’un "Until My Last Breath" au refrain accrocheur. "In For A Kill" et "Little Lies" démontrent ses capacités à traduire des émotions plus sombres, renforcées par quelques riffs bien gras et des refrains catchy. Enfin, sur une édition spéciale fortement recommandée, trois titres de haut niveau nous sont proposés avec un sommet atteint sur le progressif et aquatique "Naïad", alors que la reprise du "Still Of The Night" de Whitesnake est particulièrement réussie, Tarja se l’appropriant tout en le respectant et en le dotant d’un break enthousiasmant. Voilà des titres qui auraient aisément pu remplacer quelques ballades certes agréables mais un brin convenues ("River Of Lust") sur la version classique.
Sans révolutionner le genre, cet album n’en est pas moins une véritable réussite, mariant des compositions dans lesquelles l’investissement émotionnel de la belle Finlandaise est évident, et une approche variée dans les styles et les tempos. Tarja semble avoir trouvé sa place dans le monde métallique et démontre une capacité à marier tradition et expérimentation. "What Lies Beneath" n’est peut-être pas encore un opus incontournable, mais il nous emmène dans un bien beau voyage et la progression qu’il marque est pleine de promesses pour l’avenir.