2000 : cette année-là, le label Earache Records sort un disque de death-métal qui va faire parler de lui. Il s'agit de Winds Of Creation premier album d'un tout jeune groupe polonais nommé Decapitated. Un groupe dont les membres ont été largement biberonnés au métal extrême. En effet, si ce disque fait sensation, c'est que le groupe est jeune, très jeune, avec des âges compris entre 12 et 15 ans. Certes, ce n'est par le premier groupe d'adolescents de l'histoire de la musique. Mais ces jeunes-là ont assez de talent pour qu'on s'intéresse de près à leur musique, assez en tout cas pour que Paul, membre de Vader, prenne le temps de produire leur premier méfait discographique.
Chaperonné par Vader, les louveteaux de Decapitated nous assène un disque raz-de-marée. Ces petits jeunes ont énormément d'énergie à revendre et cela tabasse fort, très fort. Ce premier opus nous présente un album de death-métal d'une redoutable efficacité technique. Witek, du haut de ses 16 ans assure comme un diable derrière ses fûts, sans parler de Vogg qui nous assène des soli de guitare à estomaquer de nombreux guitaristes adultes bien loin de son niveau technique.
Le death technique proposé par Decapitated est déconcertant de maîtrise. Les Polonais s'y entendent en riffs cinglants et rythmiques assassines pour des compositions terriblement accrocheuses comme The First Damned ou Way To Salvation. Winds Of Creation est un album court avec seulement 8 titres originaux. Après nous avoir fracasser joyeusement les oreilles avec 7 très bons titres de son cru, Decapitated nous offre un interlude instrumental trippant digne d'un film d'horreur. Ce Danse Macabre souligne l'intelligence du propos des Polonais parce que ce titre se veut être une césure aératrice entre les propres compositions du groupe et une fort belle reprise de Mandatory Suicide, hommage à Slayer.
Pour un premier essai, Decapitated frappe fort. Abstraction faite du jeune âge des membres du groupe, Winds Of Creation est un album d'une grande classe. Le seul petit bémol qu'on pourrait apporter à ce disque est le manque de nuance du chant de Sauron. A part cela, cet album, prometteur pour l'avenir, est tout simplement étonnant de maîtrise, riche en notes et envoie la sauce avec une redoutable efficacité. Décidément, la Pologne est un pays qui, musicalement, ne cessera jamais de nous étonner.