Rachael Sage n’est pas une nouvelle venue dans le monde de la musique. Cette ancienne danseuse de ballet native de New York, fête cette année ses 15 ans de carrière. Et si vous ne la connaissez pas, Delancey Street, son huitième album, est sans aucun doute le meilleur moyen de découvrir cet univers unique. Distillant une Pop très racée, très personnelle et sexy, aux relents Indé et Jazzy, c’est un peu comme si la chanteuse de The Corrs (pour le timbre et le côté sexy justement) rencontrait l’univers dense d’une Suzanne Vega ou d’une Beverly Jo Scott.
Appuyée par une formation de haut niveau, et mixée par Kevin Killen (Peter Gabriel, Tori Amos, Prince, U2), cette ballade Pop alternative, toujours très axée sur le piano et la voix, restera sans aucun doute dans son genre, l’album de l’année. Côté instrument, pas moins de 23 musiciens viennent ici ajouter leurs couleurs très personnelles à l’ensemble. Russ Johnson fait briller plusieurs titres de trompettes et flugelhorn, et la basse de Will Lee apparaît également entre violon, orgue et wurlitzer. La guitare n’est pas en reste, très doucereuse, dont les meilleurs passages se trouvent sur la superbe "Brave Mistake". C’est simple, de la première à la dernière plage, ces mélodies addictives et fredonnables à souhait ne vous lâcheront pas.
Sans temps mort ni remplissage, du poignant "Everything Was Red" à la reprise efficace d’un "Big Star" (Hall & Oates) coloré et amusant, chacun des douze titre possède sa propre beauté. Une guitare lente et nasillarde ouvre "Meet Me In Vegas", une chanson triste mais pleine d’espoir sur le désir de sauver une relation sur le déclin. La voix de Sage y est langoureuse et une fois de plus envoutante. "Back To Earth", chargée d’une frustration impuissante, raconte quant à elle la disparition d’un être cher. Chaque titre vous parle, vous enchante, vous touche au point que vous déciderez bien vite de garder cet album près de la chaîne, ou dans la voiture, afin de vous le repasser souvent, comme un bon ami auquel on prend plaisir à rendre visite.
Afin de vous en convaincre, quoi de mieux qu’une écoute de l’opener "Hope’s Outspost", en lien ici, au phrasé irrésistible et délicieux. Le son de Sage est unique et rappelle souvent le talent des grandes chanteuses d’hier. Sa voix sucrée et sulfureuse se pose sur des textes joliment écrits et souvent perspicaces, et apporte une véritable bouffée d’air frais dans cet univers souvent surproduit.