Un an après "Fly To The Rainbow", Scorpions continue son évolution, à commencer par son line-up qui accueille un nouveau batteur en la personne de Rudy Lenners dont le dynamisme et l’inventivité vont stimuler Francis Buchholz, son compère de la section rythmique, et aider le combo d’Hanovre à passer à un niveau supérieur.
Il faut dire que le rock psychédélique des Allemands commence à se muscler et à mettre un pied dans le Hard Rock mélodique. 'Speedy’s Coming' avait ouvert la voie sur le précédent opus, et les titres du genre se multiplient sur ce "In Trance", avec un 'Dark Lady' introductif qui voit Klaus Meine et Uli Jon Roth se partager le chant, ce dernier faisant tour à tour rugir ou miauler sa guitare pendant que la section rythmique insuffle un groove particulièrement entraînant. Dans le même style, 'Top Of The Bill' balance un riff direct, répétitif et hypnotisant, bien qu’il semble hésitant sur son final. Enfin, Schenker et Meine nous pondent un 'Robot Man' dynamique et accrocheur.
L’autre titre incontournable de cet album est l’éponyme 'In Trance' qui introduit le style de la power ballade, alternant couplets mélancoliques et refrains percutants, et alors que Meine confirme qu’il est bien un chanteur talentueux, la paire de guitaristes nous délivre un double solo en harmonies du plus bel effet.
Dommage que le reste de l’album soit moins percutant, Scorpions multipliant les ballades certes agréables, mais moins inoubliables, 'Living And Dying' souffrant même de couplets aux paroles répétitives rendant ce titre un peu pénible à la longue. Nous retiendrons cependant le blues rock d’un 'Sun In My Hand' sur lequel Roth confirme son statut de Hendrix allemand alors que l’album se termine en douceur sur un 'Night Lights' instrumental tout en douceur.
Souffrant encore de quelques fautes de jeunesse, ce "In Trance" n’en marque pas moins une évolution notable et pourrait même être considéré comme un album charnière de Scorpions, son inventivité et le développement de sa face plus agressive laissant entrevoir de glorieux horizons. Voici donc un opus qui, s’il n’est pas foncièrement indispensable, n’en est pas moins un acte fondateur qui marquera l’histoire naissante des Scorpions.