Le groupe a vu le jour au début des années 90, sous l’initiative de Chris Siegle (bassiste) et de Rowen Poole (guitariste). Le premier album, Evening Mirage, ne sortira qu’en 1997, mais de toute évidence, Persephone’s Dream a pris le temps de mûrir sa musique, pour l’obtention d’un résultat au concept abouti.
Avec Moonspell, porté par la fort belle prestation chantée de Karin Nicely, les oreilles sont immédiatement frappées par le croisement de ce lead-vocal cristallin, façon Enya ou Maire Brennan (chanteuse de Clannad), avec les envolées musicales d’une orchestration et d’une construction progressives. Dès l’ouverture, le projet donne le ton : la richesse de l’instrumentation, les riffs de claviers, le soin avec lequel chaque élément sonore est mis en exergue, sont autant d’indices qui augurent du choix tranché de l’orientation stylistique. La recette est assez traditionnelle, mais elle est efficace, au profit d’une musique qui clame donc très franchement sa filiation néo-progressive.
Et nos Américains se plaisent à nous montrer qu’ils savent tout faire dans le registre, en fourbissant leurs armes, une à une, très méthodiquement : on pourra apprécier, notamment, la complicité du chant et de la basse sur "Evident Dreams", le voyage astral, tour à tour méditatif et rythmique, auquel nous invite l’envoûtante voix de "Euphoria", la force de conviction d’un équipage de six cordes musclées, ("Learning Curve" ou "Alternate Reality"), jusqu’aux couleurs d’un puissant prog’ électro ("Electronic Exotic") où la prestation de Karin Nicely mue quelque peu vers celle de la rock star FM, mais toujours dans la juste mesure. Si Moonspell avoue un certain penchant pour l’emphase, rien n’est surfait. La construction mélodique l’illustre très bien, à sa manière de rester discrète, tout en parvenant à ancrer confortablement la narration musicale au fond de l’oreille.
Dommage que le jeu de la batterie se révèle par moments un peu trop formaté, et que la seconde moitié de l’album avoue des signes de faiblesse dans la production. La longue récréation de percussions acoustiques en 7ème plage n’était pas indispensable (changeant sans préavis la tonalité du projet), et certains passages tentent de réitérer des essais qui ont déjà été transformés : "Full Moon" est un second "Learning Curve" mais en plus désordonné (certains préféreront peut-être !), et "Altar Of Desire" est à la croisée de "Alternate Reality" et de "Electronic Exotic", sans s’octroyer vraiment la verve de l’un ou de l’autre.
Au travers de ce deuxième album, Persephone’s Dream démontre toute la capacité de son potentiel créatif ; avec un léger mieux de vigilance sur l’homogénéité qualitative, cette musique pourrait rivaliser avec bien des pointures de la grande famille néo-progressive.