Paidarion, jeune groupe venu de Finlande, livre ici son premier album intitulé Hauras Silta, qui, comme tout finnophile qui se respecte le sait, signifie pont fragile. Ceci n'apportant pas grand chose à ce préambule, mais c'est un peu près tout le recul dont on dispose pour aborder cet opus.
"Hauras Silta", l'éponyme et néanmoins premier titre de cet album laisse présager le meilleur dans le style néo-prog folkisant. Le chant féminin attribué à Kristina Johnson, de part son timbre et l'étrangeté de la langue, fait terriblement penser aux groupes polonais jouant dans cette catégorie, à savoir Quidam (époque Emila) ou Turquoise. Cette impression se confirme avec le deuxième titre ("Polku"), jolie ballade romantique portée par cette voix enchanteresse et parsemée d'interventions à la guitare dignes d'un bon Mostly Autumn.
Et puis c'est la rupture... Changement de décors avec la troisième piste. Le folklore champêtre cède sa place à des rythmes syncopés, fleurant le jazz-rock latino. Un petit coup de saxo fait penser à Hypnos 69 alors que les soli de guitare évoquent Santana. Le chant est masculin et pourrait passer pour de l'espagnol ajoutant à l'ambiance afro-cubaine. On retrouve plus ou moins cette inspiration et cette structure (voix masculine sur rock sud-américain) sur les pistes 6, 9 et 11.
Paidarion n'a-t-il pas su choisir entre l'inspiration bucolique et son chant féminin et le rock de l'hombre servi par de mâles vocalisations ? Le résultat est un album coupé en deux parts (inégales) : 7 titres doucereux (1, 2, 5, 7, 8, 10 et 12) pour amateurs de ballades, et 4 titres plus enlevés (3, 6, 9 et 11) qui semblent sortis d'une autre production. Il reste un OMNI (objet musical non identifié) dans cette énumération, à savoir le quatrième titre ("Pieni Askel") qui non seulement est interprété par les deux chanteurs, mais également par un groupe d'enfants. Cette composition semble tout droit sortie d'une comédie musicale tout à fait de saison, mais sans grand intérêt.
A l'heure du verdict, difficile de se positionner tant les deux aspects de cet album semblent en décalage. Si, objectivement, il n'y a pas grand chose à jeter dans ce Hauras Silta fort bien interprété par des musiciens de talent, la dualité des genres le dessert, mais ce n'est qu'un humble avis de 'vieux progueux'. Il ne vous reste qu'à vous forger votre propre opinion.