Difficile de catégoriser la musique de Group 309, un quartet russe qui nous livre ici un premier album du nom de Dreams Of Sea. Pour partie, le style évolue dans un progressif aux sonorités proches de Satellite, avec une guitare plutôt planante posée sur des accords de claviers moelleux (Ray Of Light). Mais il arrive que les compositions se durcissent un peu, avec une rythmique plus présente (What Are You Waiting For), sans atteindre toutefois l’agressivité du métal; c’est dans ce registre que Group 309 produit les titres les plus convaincants. L’architecture des morceaux reste assez conventionnelle, mais certains parti-pris entrent plus dans le progressif, à l’image de The Overture.
Tout au long du disque, l’auditeur sent que le groupe n’a pas encore défini de ligne précise, hésitant entre la variété à peine déguisée (Dreams Of Sea, A Scarlet Sail, A Girl Was Playind In The Old Curch, This Belief In Miracle Is Naive), l’approche plus sophistiquée (Five Years Later et ses trois solos de guitare, tous différents et bien réussis), ou la rythmique plus dense comme signalé plus haut.
Difficile donc d’accrocher sur l’ensemble du disque, d’autant que certains titres souffrent de défauts qui dérangent pas mal l’écoute, avec au premier rang, un chant terriblement décalé, très variété (avec curieusement des inflexions italiennes à la Eros Ramazzotti), et qui, bien que les titres soient formulés en Anglais, nous est délivré en Russe, une langue qui a du mal à passer avec la musique moderne (le même problème peut être rencontré avec le Polonais, l’Espagnol ou même le Français...). Comme de plus, certains titres utilisent des accompagnements très datés (notamment les claviers, très linéaires en accompagnement : 1 mesure = 1 accord), le cocktail arrive à donner des résultats très éloignés des canons actuels (entame de Five Years Later, ou le titre d’ouverture). Bien sûr, Dreams Of The Sea est un premier effort, mais il conviendra de chasser cette odeur de naphtaline plutôt que de garder cet esprit à la limite de la musique de croisière sur la mer Noire (que les méchantes langues pourraient sous-titrer “Pascal Sevran chez les Syldaves”).
S’il nous est permis de conseiller Group 309, il leur faudrait décider d’une orientation plus cohérente, par exemple dans le registre plus animé parfois proche d’Albion qui anime certains de ses titres : choisis ton camp, camarade !